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Initiation et spiritualité - Page 148

  • Le Sacré et les institutions religieuses et politiques.

    !cid_RWxlY3Rpb25zRXVyb3BlZW5uZXMuanBn$2597729$973217@alsacedabord.jpgQu'est-ce qui est sacré et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Est sacré ce qui pour nous a de la valeur en soi , mais qu'est-ce qui a de la valeur en soi ?

    Je me souviens avoir profondément vexé une femme après lui avoir offert un bijou. Face à son émerveillement devant un superbe diamant, j'avais remarqué sottement "qu'après tout ce n'était qu'un caillou".

    Face à l'Eternel que nous portons en nous, tout est sans valeur et relatif. Quand bien même je serais le roi du monde cela me ferait rire, et je me sentirais comme un benêt face au ciel étoilé. Pour moi seul l'Eternel est sacré et digne d'intérêt, mais je ne suis pas seul au monde et je dois vivre avec les autres.

     Pour vivre dans ce monde il nous faut  des  institutions, sociales, politiques, religieuses et autres. Ces institutions me font père de famille, citoyen, humain tout simplement. C'est à travers elles que je donne un sens sacré à ma vie ici-bas, en essayant de faire l'oeuvre de Dieu.  Au nom du Sacré je ne peux donc me retirer comme l'ermite sur la montagne car l'oeuvre de Dieu doit être faite. Je ne peux renoncer car l'oeuvre de Dieu est éternelle et je dois aller jusqu'au bout de mon chemin personnel à son service. Pourtant je comprends ce pape qui renonce et se retire pour prier. Prier c'est aussi oeuvrer pour Dieu. Je comprends Benoît XVI ce pape qui n'a plus voulu couvrir l'imposture vaticane au nom de Dieu. Et pourtant il faut aussi des papes qui mettent les mains dans le cambouis, car un monde d'ermites est inconcevable, même s'il faut aussi des ermites voués à la prière et au renoncement sacré.

    De plus, un monde sans ermites serait un monde qui aurait définitivement perdu le sens du Sacré. Moines et ermites nous rappellent que l'Eternel et le Sacré sont bien au-delà des institutions  transitoires (institutions religieuses comprises ) que nous ne devons surtout pas idolâtrer.

    Notons pour conclure que contrairement au 20è siècle qui avait dévoyé le sens du Sacré dans les grandes idolâtries fascistes et communistes, le 21 è siècle débute dans la désacralisation générale des institutions religieuses et politiques. Le monde semble perdre  ses repères les plus sacrés et courir vers le chaos moral et spirituel, encore plus que politique ou économique. L'Italie du pape démissionnaire et du triomphe de Beppo le clown, en est la parfaite illustration. Tandis que le pape lucide s'en va pour ne plus couvrir les turpitudes de son église, les clowns à la Berlusconi et à la Beppo font recette ! Pour combien de temps encore avant l'effondrement final ? Et comme l'on comprend les sages qui quittent la nef des fous pour se faire... ermites !

  • Compostelle : fin du pèlerinage. Note 30

    350px-Spain_Santiago_de_Compostela_-_Cathedral.jpgLa dernière étape avant Compostelle est le gros bourg de Lavacolla dont il n'y a rien à dire, sinon qu'il était autrefois le lieu où les pèlerins faisaient leurs ablutions pour être propres avant de se présenter à Compostelle. Lavacolla, lave cul disent certains, mais je ne garantis pas l'étymologie. De Lavacolla je ne garde que le souvenir d'une chambre d'hôtel aux fenêtres mal jointives qui suintaient d'humidité.

    Au petit matin j'avale un thé brûlant et deux madeleines et me voilà parti sous les averses pour la dernière et courte étape. J'arrive bientôt à l'aéroport international de St Jacques de Compostelle, puis je gravis le Monte Gozo, ou Mont de la Joie, d'où l'on voit St Jacques de Compostelle. Lorsque j'y parviens, un magnifique arc en ciel se montre au loin au-dessus de la ville. Encore un clin d'oeil du Bon Dieu !

    Le Monte Gozo est encombré de silos à pèlerins construits pour le Pape Jean-Paul II en 1989 à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse, un truc très catho cathodique dont vous avez sans doute entendu parler. Une ligne de bus part des catho baraques et vous conduit directement au centre de St Jacques de Compostelle. Ce sera donc en bus que le 23 octobre 2003, j'achève mon périple de trois mois de vagabondage sacré, ou plutôt de sacrées vacances....les meilleures de ma vie.

    Sur l'esplanade devant la cathédrale, l'employé d'un magasin de photos, déguisé en pèlerin du moyen-âge (grande cape, chapeau et bourdon) propose aux touristes d'être photographiés avec lui....comme  le Père Noël devant les grands magasins pendant les fêtes de fin d'année....Je prends mes aises comme un touriste, je flâne, je fais des photos. Dans une ruelle de la ville haute je tombe sur un très catho couple que j'ai souvent croisé sur le chemin depuis la France. Les Valissant ont fait le pèlerinage en couple, souvent en se faisant la gueule comme j'ai pu le constater parfois à l'étape...Ainsi est le mariage, une longue marche pas toujours drôle, mais sanctifiante sans doute selon la sainte doctrine catholique.Sur ce point comme sur d'autres, je ne suis pas trop d'accord avec la morale catholique, je n'en ai pas moins de l'admiration pour les couples pèlerins. Se traîner soi-même est dur parfois, à deux ce doit être pire.

    Les Valissant me rappellent pieusement que la messe des pèlerins est à midi, et je leur promets de les y rejoindre. Après tout pourquoi pas ? Trois mois de marche valent bien une messe. Je me présente ensuite au bureau du pèlerinage pour faire tamponner ma " crédencial" ( le carnet du pèlerin qui consigne toutes les étapes ) Le préposé me regarde avec respect car peu de pèlerins viennent de loin en marchant plusieurs mois. La plupart font les 100 kilomètres de marche obligatoire pour obtenir la reconnaissance de pèlerin. Je reçois donc un diplôme écrit en latin que je regarde encore parfois avec nostalgie. C'est fini et comme je n'oublie jamais les nourritures terrestres, je me mets en quête d'un bon restaurant. Soudain je me rappelle la promesse faite à mes amis d'aller à la messe. Je n'ai pas encore mis les pieds dans la cathédrale, j'y cours et je monte les escaliers du parvis quatre à quatre malgré mon sac. Le douzième coup de midi est en train de sonner et les lourds battants de bronze du majestueux portail se referment devant mon nez. Trop tard ! Il est trop tard pour moi, l'Eglise ne veut pas du mécréant que je suis et je reste à la porte !

    Après la messe je retrouve mes amis cathos qui m'expliquent que sur le côté de la cathédrale il y a une petite porte toujours ouverte. Quel symbole ! Il y a toujours des arrangements avec l'Eglise, j'aurais dû m'en douter , connaissant un peu la morale jésuite....

    C'est fini. Je prends mon billet de retour à la gare et j'accompagne chez elle une vieille veuve appauvrie qui raccole les pèlerins sur l'esplanade de la cathédrale pour leur louer des chambres....glaciales. Ultime nuit, glaciale, à Compostelle et en Espagne. Demain je rentre à la maison et ça c'est une autre histoire, un autre long voyage que je vous raconterai dans une nouvelle série de notes intitulées " En route vers le Champ des Etoiles". Il y sera encore question de Compostelle bien sûr parfois, mais surtout d'autres chemins, intérieurs ceux-là, qui nous mènent tous à notre but qui est de mourir. "En route vers le Champ des Etoiles" sera je l'espère la chronique du bien vieillir pour bien mourir. A + Le Vieux Templier.

     

  • Sur le chemin de Compostelle. Il a neigé sur yesterday. Vers Lavacolla Note 29

    350px-Spain_Santiago_de_Compostela_-_Cathedral.jpgCe 19 janvier 2013 il neige sur Colmar quand je mets cette note en ligne...C'était il y a dix ans l'année de la canicule ..comme il a neigé sur yesterday  !!!

    C'était il y a 10 ans en octobre et le temps était humide et venteux sur la Galice. J'arrivais au terme d'un pèlerinage de trois mois, et ma vie était devenue la marche, et je ne savais plus trop si j'avais envie de revenir à Colmar. Mais j'étais fatigué et il me tardait de me reposer, je rêvais vaguement d'autres chemins alors même que je n'étais pas encore parvenu à Compostelle. Sous la pluie je marchais en compagnie de Jésus, devenu handicapé après un accident de voiture, le dos gravement atteint. Finalement je laissai Jésus dans un bar à tapas et je repris mon chemin au milieu des eucalyptus, tamaris et bougainvilliers mêlés aux noyers et aux chataigniers dans cette verdure si particulière de la Galice.

    Les averses succédaient aux éclaircies qui laissaient le soleil se montrer entre les nuages. Ces apparitions furtives de la lumière étaient autant de clins d'oeil du Bon Dieu à son pèlerin mouillé et fatigué. Je me souviens d'avor pris des notes dans une église jacquaire typique avec la bénédiction du curé qui me donna une image sainte de St Jacques. Puis je repris la route et arrivai à Lavacolla.