La proposition de Volodymir Zélensky de troquer la Crimée et le Donbass contre un cessez le feu et la protection officielle de l'Otan est un acte de réalisme. Il peut amener un gel de la guerre sur la ligne de front, suivi de palabres, comme ce fut le cas en Corée.
Le retour au réalisme est aussi nécessaire du côté des Russes. Ceux-ci devraient pouvoir se contenter de leurs gains mais seront-ils réalistes et ne prétendront ils pas pousser le bouchon trop loin en s'illusionnant sur leur jeu ?
Poutine est-il lucide au point de comprendre que nous ne sommes plus en 1945 au temps du glorieux face à face avec l'Amérique sur les ruines de la vieille Europe ?
Contrairement à 1945 la donne ne se réduit pas à un aparté americano russe. Poutine peut bien négocier ce qu'il veut avec Trump, il aurait tort de sous estimer la vieille Europe. La guerre à leur porte, comme leurs contradictions internes, contraignent la France et l'Allemagne à des remises en cause qui vont transformer l'UE. La vieille Europe se réveille peu à peu et, avec ou sans l'Otan, elle apportera inévitablement tôt ou tard les garanties de sécurité dont l'Ukraine a besoin.
Pour ce pays 2025 devrait être l'année des palabres et du silence des armes, le début d'une paix armée à la coréenne garantie à long terme par le réarmement des nations d'Europe occidentale. Celui-ci sera inévitablement suivi par un engagement sans faille aux côtés d'une Ukraine souveraine qui ne serait plus instrumentalisée, ni par Washington, ni par Moscou.
Ukraine le réalisme enfin ? Peut-être si Poutine joue correctement aux échecs et se garde de pousser l'avantage trop loin.