Le couteau d'Abraham.

Judaïsme,christianisme et islam se réclament  de leur filiation à  Abraham au point que les trois religions sont appelées les religions abrahamiques. Toutes remontent au sacrifice d'Abraham qui remplaça la mort rituelle de l'être humain par celle d'un mouton.

 Puis le judaïsme créa la maison de Dieu, le Temple de Jérusalem où en permanence grillaient  les viandes offertes en sacrifice. Après la destruction du Temple le judaïsme  abandonna la pratique rituelle sacrificielle.

Le christianisme la réinstitua en l'historicisant et en la situant au plan symbolique. L'eucharistie est en effet un sacrifice humain. Jésus est l'agneau de Dieu sacrifié pour le salut de l'humanité. Chaque dimanche les fidèles boivent le sang du Christ et mangent son corps, cela est particulièrement le cas lorsqu'ils communient sous les espèces consacrées du pain et du vin. La notion de présence réelle dans l'hostie souligne la réalité du sacrifice, fût-il symbolique.

Dernier venu l'islam se veut la réforme et l'accomplissement du judaïsme et du christianisme selon le dernier des Prophètes que serait Mahomet. Pourtant loin d'innover, l'islam revient à la tradition du sacrifice rituel du mouton et instaure la fête de l'Aïd, véritable marqueur culturel.

 Et de fait, l'égorgement  (ou le geste qui le simule) est une pratique que l'on associe à l'islam. Les images épouvantables des égorgements diffusées par l'Etat Islamique, tout comme le couteau en porcelaine du tueur de la préfecture de police de  Paris, nous le rappellent également.

Nier le caractère régressif de l'islam ressort d'un aveuglement stupide, mais ce serait  douter de Dieu que d'oublier que l'islam peut aussi être une voie spirituelle  s'il est pratiqué  dans l'amour de Dieu et du prochain comme l'enseignent les maîtres soufis. 

Il revient à l'Etat de confisquer le couteau d'Abraham et aux trois religions de reconstruire ensemble un Temple  de sagesse et de foi, une Maison Dieu où  l'on cesserait enfin de sacrifier des boucs émissaires pour se contenter de louer Dieu en lui demandant pardon pour la folie du genre humain.

 

Macron frère prêcheur

      A Rome le pape fait de la politique mais les politiques font du religieux comme Monsieur Jourdain faisait de la prose sans le savoir.

La mort de Jacques Chirac illustre très bien le phénomène. Le prêchi précha de Macron à la télévision pour rendre hommage à un vieil escroc aussi  sympathique que corrompu en est un exemple. Frère Macron connaissait bien son texte, mais au bout de 5 minutes je n'ai  pu supporter plus longtemps ni le ton ni les fadaises de son prêche.

Pourquoi cet hystérie à propos de Chirac ? Parce que dans un monde désenchanté nos dirigeants se raccrochent à n'importe quoi pour essayer de faire rêver les foules et pleurer dans les chaumières. Ils tentent de nous rallier à la religion médiatique et people pour faire oublier les gilets jaunes et les angoisses climatiques.

Dieu est Humour et il a Raison.

En matière de religion il faut  commencer par pratiquer Saint Bernard. Que nous recommande  ce Saint qui méritait de l'être ? (contrairement à nombre de ses "collègues").

Saint Bernard nous demande de nous moquer de tout pour commencer; ce qui implique aussi de se moquer de la religion, c'est un bon début.  Mais voyons d'abord ce qu'il nous dit.

Spernere Mundum - se moquer du monde. Bien sûr puisque le monde n'est qu'illusion. Boudda a dû lire Saint Bernard.

Spernere Ipsum- se moquer de soi-même. Ne pas se prendre au sérieux surtout, sinon on risque  de faire de vous ce que vous n'êtes pas, un prophète, voire même le fils de Dieu. 

Spernere  neminem- ne pas se moquer de personne . Voilà l'essentiel : respecter tout être humain y  compris dans sa folie et son ignorance. Ici Humour devient Amour.

Spernere se sperni- se moquer du fait que l'on se moque. Là encore Bouddha a dû lire Saint Bernard car cette phrase vaut bien le koan d'un penseur zen. Inutile donc d'aller chercher loin ce que vous avez dans votre cuisine.

Vivent donc les religions!  A ne pas trop prendre au sérieux cependant. Mais peut-être n'avez-vous pas le sens de l'humour ? Peut-être ne faites-vous confiance qu'à votre raison ?

Vous avez raison mais attention il ne s'agit pas de réinventer le culte de la Raison de Robespierre, cette idolâtrie au service d'un sectarisme fanatique.

A l'inverse il ne s'agit pas de prétendre prêcher une spiritualité sans religion, simple rêve d'intellectuel déraisonnable. Cette tendance philosophique, très moderne, s'appuie souvent sur le bouddhisme au nom de la  notion de maya  qui décrit l'illusion et l'impermanence de la réalité. Selon ces rêveurs, le bouddhisme ne serait pas une religion mais une philosophie.. et c'est bien là que se situe l'erreur de nos intellectuels déraisonnables. En effet, le bouddhisme est bel et bien une religion, avec ses cultes, et même ses fanatiques comme les Royhingas musulmans ont pu le constater.

Iil est raisonnable au contraire de cultiver dans chaque religion les éléments positifs du phénomène religieux comme dénominateur commun d'un oœcuménisme consensuel.

Cela implique d'abord de se reconnaitre comme appartenant à une religion. C'est mon cas et cela ne me gêne pas  de décliner mon identité de baptisé catholique romain, même si je suis non pratiquant, voire agnostique.

Impossible me direz-vous d'être à la fois religieux et agnostique. Eh bien c'est là tout l'enjeu, une attitude religieuse rationnelle est fondée à la fois sur le doute et la foi.

Le doute et la remise en cause permanente immunisent l'esprit contre les certitudes dogmatiques aussi bien religieuses que scientifiques. 

Quant à la foi c'est la certitude ( la seule permise ) que la Vie est une question réponse permanente qui fait Sens. Pour partager cette foi il n'est pas nécessaire de croire en Dieu, car Dieu n'est qu'un mot, cela va sans dire . (Mais cela va mieux en le disant car au début était le Verbe, le Mot).

Voilà les bases de la Religion. Mais celle-ci  est aussi communauté, communication et normes éthiques.

IL n'y a pas de religion sans communauté, prétendre le contraire est une attitude purement esthétique. C'est folie que combattre le communautarisme car il exprime une  communication entre humains partageant des valeurs communes. Cela est particulièrement le cas des Juifs, mais également de tout groupe évolutif ayant atteint le seuil de l'humain, c'est à dire la conscience religieuse.

Qui dit communication dit interdépendance des formes de vie. Cette sensibilité est au cœur de la prise de conscience écologique. Celle-ci existe aussi bien dans le culte de Pacha Mama des Indiens des Andes que dans les Cantiques de David ou la bénédiction des créatures de Saint François. Toutes les formes de vie sont interdépendantes, c'est un constat scientifique et non l' expression de la pensée magique.

La foi conduit  au désir de communion dans l'amour des créatures et de la Vie et cela peut même se traduire par la communion dans la drogue et la musique comme à Woodstock, ce phénomène de régression à la religion chamanique des origines.  

Parce que nous sommes humains et même si nous pouvons en rire, nous ne pouvons échapper à la question de Dieu et des religions.Celles-ci sont tout autant notre passé que notre avenir. Il est même raisonnable de penser que l'actuelle prise de conscience écologique est une marque de l'évolution religieuse  de l'humanité.

Soyons optimistes Dieu n'est pas mort, il ne s'est même jamais si bien porté !

 

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