Cette note est l'esquisse d'une réponse à l'acte de décès de l'institution ecclésiale établi par le Père Joseph Moingt. Dans son livre testament intitulé " l'esprit du christianisme". ( voir note précédente"), le Père Moingt nous propose de retrouver cet esprit en retournant à la communauté apostolique des premiers temps et aux Ecritures Saintes.
Fort bien sauf que, avant de plonger joyeusement dans l'Eternité notre jésuite iconoclaste oublie que 2000 ans de christianisme constituent un patrimoine que l'on ne saurait brader avec tant de légèreté.
Sans ce patrimoine l'Europe n'existerait pas et sans lui elle n'aurait pas les ressources spirituelles et culturelles pour affronter les défis de son avenir. Je fais référence à l'installation de l'islam sur son sol, à l'impact pas toujours positif de la culture informatique de communication universelle, enfin et surtout aux ambitions sataniques de l'Intelligence Artificielle de dépassement infini des limites de l'humain.
Dans ce contexte la préservation du patrimoine chrétien est un garde fou nécessaire sans être un obstacle au renouvellement du christianisme tant au plan théologique qu'institutionnel.
Rappelons que le Père Joseph Moingt appelle à la renaissance du christianisme en tant qu' "humanisme évangélique" et il propose, je le cite "un chemin qui permet de transiter de la croyance à une "foi critique"
Fort bien mais qui portera ce christianisme renouvelé et comment s'organisera-t-il ?
Restaurer le christianisme sous forme d'un papisme triomphant est effectivement illusoire, mais le Vatican n'a-t-il pas une fonctionnalité utile au christianisme ? Et que dire de la fonctionnalité des grands ordres monastiques ?
Le Père Moingt manque d'humour car une foi critique peut accepter les défauts d' institutions vénérables qui portent la tradition chrétienne. Les accepter est aussi une attitude réaliste car il est dans la nature humaine de s'organiser en institutions. Sachons donc garder notre patrimoine en la matière tout en l'associant à de nouveaux modes d'organisation religieuse répondant à des besoins nouveaux.
Avoir la foi consiste à parier sur la Tradition vivante plutôt que de retourner aux catacombes parmi les purs, porteurs de lumière certes, mais d'une lumière qui n'éclaire que les murs de la cave et l'entre soi d 'élus auto proclamés.
Avoir une foi critique c'est ne pas se limiter à la seule tradition scripturale, c'est aussi vivre son propre chemin spirituel en toute liberté de conscience.
Le Père Moingt a la tête au ciel désormais mais nous nous devons garder les pieds sur terre. Comment ? Ce sera l'objet de la note prochaine note intitulée " Redonnons vie à nos églises abandonnées", un tout petit exemple de la façon d'agir concrètement dans les temps nouveaux que nous vivons.