A l'heure où les affrontements interconfessionnels enflamment l'Afrique et le Moyen-Orient, force est de constater que les religions sont des marqueurs identitaires forts, tout autant que des voies spirituelles. Il en résulte qu'elles sont en concurrence sur le marché du religieux afin d'augmenter le nombre de leurs pratiquants.
En Europe les conversions à l'islam font l'objet de beaucoup de bruit médiatique tandis qu'au contraire les conversions de musulmans au christianisme sont tenues discrètes sinon secrètes. Inversement,dans le plus grand pays musulman du monde qu'est l'Indonésie, les conversions au christianisme suscitent l'effroi et sont à l'origine de fantasmes invérifiables.
Sur Internet une campagne intitulée "Save Myriam", dénonce l'évangélisation de l'Indonésie. "Deux millions de Musulmans deviennent chrétiens chaque année" "et annonce une annihilation de l'islam en Indonésie. C'est exactement le même type de peur que celle suscitée chez nous par ceux qui dénoncent l'islamisation rampante de notre société.
La vérité est que le monde religieux devient lui aussi global et multipolaire. La chrétienté s'étend sur le monde entier, mais inversement l'islam devient présent chez nous. Il nous faut donc nous habituer à vivre avec des croyants de toutes races et de toutes origines partout sur terre. Cette cohabitation des religions peut entrainer les pires régressions identitaires comme c'est le cas au Moyen Orient et en Afrique, mais elle peut aussi contraindre l'humanité à une mutation spirituelle fondée sur l'oecuménisme et le dialogue interreligieux dans le monde entier. Là encore l'avenir dépend de ce qu'il y a dans le coeur de l'homme, le pire d'aujourd'hui peut annoncer le meilleur de demain.
Le douloureux conflit syrien oppose pour l'essentiel la minorité alaouite au pouvoir à une révolte sunnite. Le chef de l'Etat syrien, Bachar el Assad est alaouite et nombre de musulmans considèrent que la secte alaouite issue de l'islam chiite, n'est pas musulmane. Le frère de l'ancien président syrien, Hafez el Assad avait dû obtenir des dignitaires musulmans sunnites et chiites du Liban des fatwas reconnaissant les Alaouites comme musulmans, ceci afin de marier un de ses fils avec une princesse de la famille régnante saoudienne.
Hayet Ayad est d'origine kabyle, autodidacte, elle mène depuis vingt années un parcours artistique centré sur la promotion des idées de tolérance et de coexistence des cultures et des religions.