L'élection de Javier Milei à la tête de l'Argentine le 19 novembre 2023 est une nouvelle expression de courants politiques qui portent au pouvoir des individus extravagants comme Trump ou Bolsonaro, extravagants mais pas si fous que ça !
Il y aurait beaucoup à dire sur la question de la santé mentale des dirigeants de ce monde aussi je ne m'y risquerai pas et préfèrerai m'intéresser à une mesure apparemment extravagante proposée par le fou de service en Argentine, j'ai nommé la suppression de la monnaie nationale argentine le peso, et son remplacement par le dollar.
Vu l'état de l'économie argentine depuis des lustres voire depuis qu'elle existe, cette mesure ne saurait être la pire idée qui soit. En effet elle ne serait qu'une reconnaissance officielle de la réalité économique de toute l'Amérique latine, à l'exception de Cuba.
Du point de vue de l'économie l'Amérique latine depuis toujours n'est que l'extension de l'économie US. L'Amérique du nord trouve dans celle du sud ses approvisionnements en matières premières, des conditions favorables à ses investissements et le débouché naturel le plus proche pour ses produits . Ajoutez à cela et de plus en plus, l'importance du trafic de drogue dans la relation nord sud et vous comprendrez que le fou argentin pas si fou que ça, prend simplement acte de la réalité en proposant de faire du dollar le moyen naturel de l'échange en Argentine.
Javier Milei prend acte également du fait que les états nationaux libéraux démocratiques sont de plus en plus des fictions. Dans le monde de l'économie libérale globalisée les états démocratiques sont impuissants face aux flux socio économiques mondialisés.
Cuba en est le contre exemple. En Amérique il est le seul Etat qui nourrit, soigne et éduque sa population de manière à peu près égalitaire et juste, mais cela au prix de la dictature. Ailleurs en Amérique, du sud comme du nord, prévaut l'inégalitarisme et la loi du marché, c'est à dire la loi du plus fort et du plus malin pour accéder à la santé, à l'éducation, et de plus en plus à l'eau et à une alimentation de qualité.
Pas si fou donc ces extravagants qui ne sont que les caricatures de notre système. Peut-on en tirer une leçon pour la France et l'Europe ?
Oui mais avec prudence. On peut avancer que l'avenir de la France sera une dictature d'extrême gauche ou l'inverse si l'UE ne parvient pas à se refonder dans un pouvoir fort tout en abandonnant au marché l'organisation sociétale et communautaire.
Au sein de l'Otan la nouvelle UE pourrait ainsi mieux faire face au sud global dirigé par la Chine. Resterait le problème intérieur existentiel de l'Occident consistant à gérer le" white backslash" " la réaction blanche" face à la compétition entre groupes ethno culturels pour l'accès à l'éducation, à la santé et à la meilleure alimentation. Dans le monde qui vient ces tensions tendent à détruire la démocratie si celle-ci n'est pas protégée par des pouvoirs régaliens forts. Cela vaut aussi bien pour les Etats de la Confédération américaine que pour les Etats d'Amérique latine ou de l'UE. Dans cet ensemble de l'Occident global, la démocratie libérale a toujours été menacée par la pauvreté et les inégalités, mais elle l'est aussi désormais au nord du fait de la montée de la pauvreté et des inégalités importées par les flux migratoires.
Ces perspectives sont difficiles à envisager mais il est certain que la dislocation de l'Occident ne peut pas continuer sans conséquences. Aux USA le wokisme et la cancel culture peuvent entraîner la sécession d'Etats conservateurs comme le Texas par exemple. En Europe l'impuissance de l'UE programme sa dislocation. Tôt ou tard il faudra choisir entre le projet de Mélenchon et celui d'un libéralisme régulé par un Etat fort là où il doit l'être, c'est à dire aux frontières et au niveau de la sécurité intérieure. Si l'UE peut répondre à ce défi elle sauvera le continent du retour à une Europe balkanisée et moyenâgeuse.
Puisse la raison triompher et gardons nous donc de croire que la folie en politique, c'est pour les autres !
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