Le pape est allé à Lampedusa accueillir symboliquement les naufragés de la misère et tout récemment le député catholique allemand Martin Patzelt a donné l'exemple en accueillant des réfugiés chez lui.
Mais au-delà de ces charitables attitudes chrétiennes, la question se pose de l'utilité de l'église catholique dans la solution de la crise migratoire. Celle-ci est en train de déstabiliser l'Europe comme l'avaient déjà fait les grandes migrations dites " barbares" il y a deux mille ans.
A l'époque les premiers chrétiens avaient compris que les "Barbares" étaient en train de déstabiliser l'Empire romain pour le plus grand profit de l'idée neuve qu'était alors le christianisme. "Passons aux Barbares!" avait décrété Saint Augustin et de fait quelques siècles plus tard le pape prenait la place de l'empereur romain.
Aujourd'hui la problématique est différente car c'est la philosophie des Droits de l'Homme, issue du christianisme, qui est l'espérance et le progrès, et non la doctrine chrétienne. Une récupération des nouvelles populations par le christianisme est impossible face à l'islam qui s'installe. En conséquence alors qu'il y a 2000 ans les chrétiens se tournèrent vers les Barbares, en 2015 le pouvoir romain peut difficilement passer aux ....Barbaresques !
Il pourrait cependant "s'arranger" avec eux. Si en effet l'église catholique veut encore jouer un rôle dans des sociétés européennes déchristianisées mais religieusement marquées par l'Islam, elle peut l'aider à trouver sa place en l'acculturant, en l'européanisant. L'institution romaine a là une carte à jouer, en particulier avec ses lieux de culte inoccupés qu'elle pourrait mettre au service d'une convivialité interreligieuse enrichissante.
L'évangile enseigne l'accueil et la reconnaissance de l'Autre, les catholiques doivent donc aider les musulmans à s'installer en Europe. Ou alors il faut définir le christianisme de manière identitaire, occidental et blanc; ce qui est à l'opposé de la doctrine chrétienne originale qui fut une première forme de mondialisme spirituel puisque l'Empire romain définissait alors les limites du monde connu.
Aujourd'hui le catholicisme ( catholicos veut dire universel ) doit redevenir une spiritualité mondialisée mais sous réserve d'une profonde mutation institutionnelle. Pour relever ce défi, l'institution romaine doit se doter d'une ONG à vocation interreligieuse pour travailler concrètement au service des déracinés en quête d'avenir mais aussi de sens.
La crise migratoire est aussi, et peut-être d'abord, un défi spirituel. Elle porte en elle de profondes mutations au sein des anciennes sociétés dites chrétiennes, tout particulièrement au sein du catholicisme. Dossier à suivre car le voyage symbolique du pape à Lampedusa n' a de sens que si l'église catholique lui donne des suites concrètes, sauf bien entendu s'il ne fut que de la" com", ce cache misère du catholicisme en déclin.
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