Non loin de Sisteron, dans un lieu sauvage, une vieille inscription latine rappelle qu'en cet endroit Dardanus et des chrétiens avaient voulu construire la cité de Dieu. Dardanus était un grand dignitaire romain, mais l'Empire s'effondrait, et comme beaucoup il avait voulu fuir au désert pour vivre autrement, selon la loi de Dieu.
2000 ans de christianisme après, un monde s'écroule de nouveau et les plus lucides, comme Dardanus autrefois, aimeraient bien fuir au désert pour y vivre autrement eux aussi, selon la loi de Dieu.
Mais comment faire ? Comment aujourd'hui prendre ses distances envers le superficiel, l'inutile et le contre nature ? Comment faire pour vivre libre de l'influence d'internet ? En la limitant à la stricte utilité ? Comment créer la clôture qui protège ma liberté et me permet de vivre pour Dieu et sous son regard ?
En choisissant un mode de vie monacal proposé par une religion.
Le bouddhisme propose le monachisme à la carte et à temps modulable, et les portes des grands ordres monastiques catholiques sont toujours ouvertes pour des essais de noviciat.
Le musulman trouvera dans une confrérie soufie ou le salafisme non violent, un idéal de vie authentiquement spirituel. Il en va de même pour les juifs orthodoxes affiliés à des écoles rabbiniques inspirées. Une solution possible et œcuménique est de rejoindre une communauté écologique et spirituelle, comme par exemple celle de l'Arche, fondée par Lanza del Vasto sur un modèle gandhien.
Les religions proposent des modes de vie alternatifs qui permettent de vivre selon la loi de Dieu, mais peu nombreux sont celles et ceux qui ont vocation à les choisir.
Les autres, c'est à dire vous et moi, c'est à dire l'immense majorité, nous sommes condamnés à vivre sur la nef des fous, c'est à dire dans un environnement où règnent le tumulte et l'absurde. Nous sommes donc obligés de pratiquer ce que le Bouddha appelle la voie du Milieu, ou savoir distinguer ce qui dans la conscience relève du for externe et du for interne selon un certain jésuitisme catholique.
Pas facile à pratiquer et parfois, au cœur des vagues et du vent déchaînés, pour échapper aux fous de la nef, pour rester serein au cœur de la tempête il n'y a pas d'autre alternative que de plonger dans la profondeur. Car c'est dans la profondeur, loin des vagues en furie et du vent déchaîné de la surface des choses, que se trouvent le calme et la beauté. Il faut plonger pour retrouver la cité engloutie ! La cité de Dieu engloutie au fond de vous même, là où elle vous attend.