Les difficultés actuelles du catholicisme romain sont du même ordre que celles rencontrées par d'autres religions,à savoir le conflit entre les théocraties institutionnelles et l'évolution démocratique du monde.
En renonçant à son rôle politique le Dalaï Lama a pris acte de cette évolution,conscient que jamais plus le Tibet ne serait une théocratie. L'avenir du boudhisme n'est plus lié à celui du Tibet. A contrario les islamistes poursuivent le rêve fou d'imposer un état théocratique islamique au monde entier, tout comme les juifs orthodoxes qui refusent l'Etat d'Israël parce que non théocratique.
Le Vatican quant à lui se cherche un rôle en tant qu'institution, car cet état est en crise au même titre d'ailleurs que l'état moderne européen qui est souvent issu de la religion chrétienne. Et cela depuis les temps bibliques lorsque Moïse fondait le droit à partir du décalogue. Le christianisme s'est ensuite glissé dans les traces de l'état romain auquel il s'est substitué, les diocèses catholiques n'étant le plus souvent que le nouveau nom des anciennes préfectures romaines. Ce lien entre l'état et la religion n'a pas été aboli par la réforme protestante, il a simplement été aménagé, le souverain anglais prenant la place du pape, tandis que le luthéranisme et le calviniste devenaient religions d'état.
La révolution française a inventé la société civile lorsque les registres de l'état civil ont cessé d'être tenus par les paroisses. Les temps modernes ont cru en avoir fini avec les religions, en particulier en France où s'est imposé la notion de laïcité. En fait le problème du rapport des religions aux états n'a pas disparu. Après la chute du communisme l'église orthodoxe russe a repris toute sa place dans l'état russe et aujourd'hui l'islam revendique sa place en Occident même.
Les religions rêvent encore parfois de se substituer à l'état ou d'être un état dans l'état, mais l'état moderne est lui aussi en crise,contourné par la communication mondialisée.Nous vivons ainsi une situation de grande confusion entre la sphère étatique et celle du monde religieux et spirituelle. La tendance dans les sociétés post modernes est la spiritualité à la carte, individuelle et distancée envers les institutions religieuses. Les églises officielles se vident mais les stages de développement personnel font recette tandis que les mosquées et les chapelles du christianisme identitaire sont pleines.
Il est bien sûr impossible de prédire ce que seront les religions demain, mais il est certain que les états qui en sont issus, et qui sont en crise, ne peuvent les ignorer. En Islam ces états veulent se refonder et se relégitimiser à travers la théocratie. Une exception ? Sans doute mais il faut bien admettre que tout en rejetant les archaïsmes religieux, les sociétés occidentales sont en quête d'un supplément d'âme et de sens.Sauront-elles retrouver les principes qui les ont vu naitre ? Celles du judéo christianisme dont les valeurs collectives peuvent refonder des états capables de faire naitre un vivre ensemble devenu impossible dans la société marchande,égoïste et hédoniste ? Un beau programme qui devrait inspirer la réforme du Vatican . Imaginez le pape proclamant le retour à la simplicité évangélique et la vente du Vatican aux enchères à des fins caritatives !!
Sur les difficultés de l'église romaine voir l'article Benoît XVI, trop bien pour le Vatican en suivant le lien http://colmardabord.hautetfort.com/