Par églises premières il faut entendre les églises qui sont aux racines du christianisme avant sa romanisation. En 2021 elles sont constituées par l'église éthiopienne, l'église assyro-chaldéenne ou nestorienne, l'église copte d'Egypte et l'église arménienne.
Ces églises confrontées à l'expansion de l'islam et aux effets pervers de la mondialisation, méritent d'être protégées au même titre que les peuples premiers ou la diversité biologique. Elles appartiennent au patrimoine culturel de l'humanité. Dans le même registre et à l'heure où l'on constate la disparition de très nombreuses langues il faut accorder une mention spéciale à la protection de l'araméen qui fut la langue du Christ.
En 2021 l'église éthiopienne semble avoir un avenir assuré mais l'église arménienne vient de subir l'assaut de l'islam turcophone dans le Haut Karabach tandis que les ultimes communautés nestoriennes du Moyen-Orient luttent pour leur survie. C'est parmi elles que se trouvent les derniers locuteurs de l'araméen, la langue du Christ. En Egypte l'église copte est en butte aux discriminations mais comme l'église éthiopienne elle fait preuve elle aussi d'une très grande vitalité.
Le tableau est contrasté , il n'est pas désespéré et il n'est pas trop tard pour sauver la langue du Christ.
Au Moyen-Orient les meilleures chances de survie de ce patrimoine unique sont la protection de la démocratie israélienne mais aussi celle assurée par la dictature syrienne et celle du Général Sissi en Egypte. Ces différents régimes protègent les chrétiens mieux que les turcs ou les monarchies pétrolières. Faire inscrire les églises d' Orient sur la liste du patrimoine de l'humanité pourrait les aider à survivre car elles sont abandonnées par l'Occident. Ce dernier, déchristianisé, matérialiste et drogué aux pétrodollars, leur préfère ses intérêts pétroliers et géostratégiques. Seule la Russie les protège de fait pour des raisons géostratégiques plus que par solidarité chrétienne.
C'est dans ce contexte difficile que commence aujourd'hui le voyage du pape au Moyen-Orient (5-8 mars 2021). L'intérêt de ce voyage est de braquer le projecteur médiatique sur ces églises oubliées. Très soucieux des droits de l'homme le pape François saura-t-il rappeler au monde la souffrance de ces communautés souvent persécutées ? Son discours sera-t-il à la hauteur de l'enjeu qui est celui de la survie des églises premières et de la présence du christianisme dans son berceau originel ?