Selon les informations parues dans le "Catholic World Report", le pape François remettrait en cause l'héritage théologique de Jean-Paul II au profit des tenants des conceptions les plus audacieuses du concile Vatican II, en particulier s'agissant des enjeux de la morale sexuelle.
Rien de surprenant en cela de la part d'un pape gauchiste et provocateur, mais rien de bien nouveau non plus dans ce nouvel épisode de la querelle des anciens et des modernes. A terme c'est le pape François qui gagnera car en théologie aussi, ce sont toujours les modernes qui l'emportent avec le temps qui passe.
Le triomphalisme de l'Encyclique Splendor Veritatis de Jean-Paul II appartient déjà au passé, le présent et l'avenir c'est l'Encyclique Amoris Laetitia du pape François. Dans ce texte ce dernier esquisse un depoussiérage des positions morales de l'église catholique en accord avec l'évolution des moeurs. Et c'est en cela qu' il s'oppose à son prédecesseur.
Pour Jean-Paul II, il existait des actes intrinsèquement immoraux, et il se fondait pour l'affirmer sur la grande tradition médiévale de Saint Thomas. A l'opposé de ces positions moyenâgeusesson successeur admet que les actes individuels doivent être replacés dans un contexte relatif; cela est en accord avec le relativisme de la physique moderne et comble le hiatus entre la science et la foi. Mais évidemment cela pose problème aux tenants de la tradition dogmatique figée.
Plus qu' une simple querelle de sacristie, il s'agit d'une révolution. Mais il y a plus. Consciemment ou non, en essayant d'adapter les positions de l'église catholique à l'état de la société moderne et au niveau d'avancement des connaissances, le pape François dénonce l' hypocrisie et le jésuitisme ( un comble pour ce Jésuite !) de la morale catholique.
Celle-ci en effet distingue le for interne et le for externe s'agissant de jugements moraux. Prenons le cas concret de la morale sexuelle. Au nom du for externe l' infidélilté conjugale est condamnable, mais elle pourra être comprise au niveau du for interne par un directeur de conscience si elle est replacée dans le contexte de relations conjugales particulièrment difficiles au sein d'un couple. Le pécheur est ainsi pardonné mais cela ne remet pas en cause l'obligation de fidélité liée au mariage et qui relève du for externe.
Ceci n'est qu'un exemple parmi d'autres des difficultés d'une théologie morale que les modernes voudraient rendre plus conforme à l'évolution des moeurs. Espérons seulement qu'ils n'iront pas trop loin dans la remise en cause. Bien que très imparfaite et très criticable, la morale catholique a le mérite d'exister et de constituer un repère solide au coeur d'une société en pleine décomposition sociétale.