La déliquescence de l'institution romaine et le déclin du christianisme en Europe ont amené certains intellectuels comme François Mattei ou Marcel Gauchet à spéculer sur la fin du christianisme, voir l'ouvrages intitulé " Le christianisme comme religion de la sortie de la religion ".
Dans son dernier livre " l'esprit du christianisme", le Père jésuite Joseph Moingt effleure la même idée, sans la développer ouvertement cependant.
" Le christianisme comme religion de la sortie de la religion ?"
Le point d'interrogation s'impose car le christianisme est loin de disparaitre en tant que religion. Le croire manifeste une pensée étroitement européo centrée qui fait illusion.
Le christianisme est en effet une religion très vivante et en progrès, mais hors d'Europe.
Certes en Europe les églises sont vides et le chritianisme y devient un simple humanisme. mais hors d'Europe il progresse partout du simple fait de la croissance démographique en Afrique et en Asie. Cette réalité biologique nourrit un christianisme populaire qui rend nécessaire des structures ecclésiales, qu'il s'agisse du catholicisme comme des églises protestantes. Ces dernières sont particulièrement conquérantes dans leur version évangélique.
On ne saurait en dire de même de l'église catholique mais, n'en déplaise aux prêcheurs de l'Apocalypse, la fin de Rome n'est pas pour demain. Au contraire la crise qui s'aggrave au Vatican rend une mutation de l'institution inévitable. C'est le prix à payer pour qu'elle s'adapte à un monde global et justifie son nom de catholique qui signifie universel.
Il reste que l'avenir du christianisme est une vraie question au plan du contenu de la foi.
Pour ma part j'incline à penser que l'on peut vivre de la foi de Jésus et de St François d'Assise en dehors de toute formulation dogmatique mais dans une attitude d'amour et de respect de la création fondée sur la certitude que la réalité a un sens. Avoir la foi c'est reconnaitre un sens au réel qui nous échappe, et œuvrer en esprit et en vérité au service de l'oeuvre créatrice.
On peut même avoir la foi en une réalité transcendantale en dehors de toute religion, mais on ne peut se passer de la communauté humaine pour donner sens à cette foi. Les ermites eux-mêmes sont en relation avec la communauté humaine par leur prière et leur contemplation, et le plus souvent, ils sont soutenus matériellement par une communajuté spirituelle.
Le christianisme n'est donc pas la religion de la sortie de la religion, car celle-ci est un phénomène naturel consubstantiel à la nature humaine, mais, en tant que fondement de l'humanisme, le christianisme peut être le catalyseur de l'évolution culturelle des religions du monde, tout en s'enrichissant d'elles et du progrès des connaissances scientifiques.
Il n'est plus possible en effet aux chrétiens d'ignorer l'apport du boudhisme à la compréhension des phénomènes mystiques, ou celui des recherches en matière d'études des états de conscience modifiée. Etre religieux c'est aussi comprendre ce qui relie l'en-deçà à l'Au-delà, en oubliant les dogmes hérités des cultures antiques et devenus incompréhensibles aux contemporains. En ce sens, mais en ce sens seulement, le christianisme peut aider à sortir de la religion; ce que firent toujours les mystiques à la pointe de l'âme, comme le font les scientifiques qui explorent au niveau quantique les limites d'un réel illusoire, maya comme disent les boudhistes.