Le spiritisme connut une grande mode en Europe et aux Etats Unis à la fin du 19è siècle et au début du 20è, puis il disparut, comme toutes les modes, les tables tournantes n'intéressant plus personne. Dommage, car le spiritisme est bien plus qu'une affaire de mode et de tables tournantes, il est la grille de lecture de base de toutes les religions depuis l'aube de l'humanité.
Des Francs-maçons surent le comprendre, comme Léon Denis et Gabriel Delanne, mais face au matérialisme de leur époque ils ne parvinrent pas à passer le message de Kardec. Pourtant sa pensée devait porter des fruits, mais ailleurs, au Brésil. Dans ce pays, la pensée de Kardec a trouvé un terrain fertile dans la culture des nombreux cultes animistes importés d'Afrique avec les esclaves.
Rien que de très normal puisque le spiritisme a toujours existé à l'état naturel en Afrique comme partout. Il est même consubstantiel à l'humanité, mais il a disparu dans les pays dits avancés du fait de leur culture matérialiste.
Il n'est est pas moins vrai que du chaman préhistorique au médium contemporain, il témoigne du lien avec l'Au-delà quel que soit l'habillage culturel du phénomène. Ce sont d'ailleurs ces habillages culturels qui expliquent la variété des religions.
En effet, chamans, médiums, prêtres, gourous ont toujours, volontairement ou non, créé des groupes qui sont devenus des sectes ou des religions. Ce processus est permanent, et aujourd'hui encore d'autres médiums, inspirés et prophètes, prétendent ramener l'humanité à son lien naturel à l'Au-delà et à Dieu. Sur la base de ce constat, Allan Kardec avait voulu donner la parole à l'Au-delà directement, sans vouloir créer une nouvelle religion, mais en espérant renouveler le christianisme. Dans ce but il écrivit :"L'évangile selon le spiritisme", mais il ne fut pas compris, et de fait, il créa un nouveau groupe qui devint une religion de masse au Brésil. Aujourd'hui cette religion y concurrence le catholicisme. Kardec n'avait ni prévu ni voulu cela. De la même manière Jésus n'a pas voulu fonder l'église catholique, il voulait simplement ramener Israël à une spiritualité plus authentique, mais ses disciples et admirateurs, tout comme ceux de Kardec, créèrent un groupe qui se développa selon la dynamique propre aux groupes humains.
Et aujourd'hui ? Aujourd'hui on constate que les grandes religions sont concurrencées par une offre spirituelle où l'on trouve le meilleur et le pire.
Internet permet une diffusion incroyable de cette offre tout en facilitant le zapping spirituel entre les églises, les groupes, les sectes, le développement personnel, etc. L'homme d'aujourd'hui est en recherche et il peine à se stabiliser dans un groupe ou une église. C'est une situation concurrentielle contraire aux monopoles religieux et dogmatiques, mais très favorable à un progrès spirituel fondé sur la libre recherche en dehors des dogmes. Nos contemporains ne vont plus à la messe, mais ils se passionnent pour les états modifiés de conscience et l'étude des phénomènes psi en dehors de tout à priori théologique. Cette démarche est précisément celle des spirites. Le spiritisme est bien plus qu'une religion afro brésilienne. Son avenir s'inscrit dans une démarche spirituelle globale, œcuménique et interactive réunissant celles et ceux qui, quel que soit leur religion ou leur philosophie d'origine, se reconnaissent dans les lois spirituelles communes. Ces lois spirituelles sont reconnues dans toutes les grandes spiritualités et furent codifiées dans le spiritisme, mais sans dogmatisme car le spiritisme admet de changer sa compréhension du monde en fonction du progrès des sciences et des connaissances.
Quel avenir pour le spiritisme donc ? Celui du développement d'une science tournée vers l'Au-delà plutôt que vers la matière. L'évolution va dans ce sens comme l'avait pressenti Teilhard de Chardin pour qui elle aboutit à la Noosphère ou sphère de l'Esprit. Enthousiasmant non ?
Commentaires
Le spiritisme est une belle philosophie où le libre arbitre reste toujours présent, mais il devrait se réformer suite aux diverses évolutions de notre siècle.