Si j'en crois la mythologie catholique, rencontrer l'Autre, c'est rencontrer Dieu, ça vaut ce que ça vaut et je me garderai de me prononcer sur le sujet. En tout cas, faute de rencontrer Dieu, j'ai rencontré Jésus sur le chemin de Compostelle. Il faut dire qu'en Espagne c'est assez facile vu le nombre d'hommes qui portent ce prénom.
Quand je l'ai rencontré, Jésus ( prononcez chr 'éssouss )marchait péniblement le long d'une route qui montait vers je ne sais quelle halte au sommet de je ne sais quelle côte du côté d'Arzua. J'ai donc aidé Jésus à porter son sac car il peinait tant le pauvre !
Et Jésus m'a parlé de lui. Il avait bien 33 ans comme dans l'évangile et cet air de hippy aux cheveux longs qu'on prête si souvent au Christ. Jésus avait de la peine à monter la côte car il était handicapé, une vilaine maladie dans le dos je crois. Il vivait d'une maigre pension d'invalidité et comme il n'avait ni famille, ni profession, rien, no future,eh bien il marchait pour donner du sens à sa vie.Il allait de sanctuaire en sanctuaire et se dirigeait donc vers St Jacques de Compostelle. Mais comme je le découvris très vite,l'étape importante pour lui était un village nommé Melide.
En fait Jésus avait un petit défaut, très humain, très espagnol, il était fou de fruits de mer, de "mariscos" comme l'on dit en espagnol, et il se hâtait vers Melide, la Mecque des "mariscos" pour les amateurs.Il ne cessa de me vanter les délices des "pulperias" ( restaurants spécialisés dans les poulpes) de Melide et il m'invita à l'y accompagner. Je déclinai son invitation, gardant en tête le souvenir d'une "tapas" qui m'avait soulevé le coeur, vrai brouet de sorcière noir dans lequel bouillonnait...un poulpe.
Je laissai donc Jésus dans un bar à "tapas", tout à son petit bonheur gourmand. Dieu était avec lui, et c'est à lui que j'ai pensé hier soir au réveillon en dégustant une douzaine d'huîtres d'Oléron arrosées d'un Muscadet bien frais, vrai cadeau du Bon Dieu. Noël ! Noël ! Chantons tous la bonté de la Vie !