03 10 2003. Après une bonne nuit à l'hôtel, départ incertain...pleuvra ? pleuvra pas ? Je prie pour le beau temps et finalement il n'a pas plu.
Après le col de Pedraja, je redescends les Montes de Oca dans la forêt et j'arrive à San Juan de Ortega, lieu autrefois infesté d'orties ( ortega) et de brigands. Juan de Ortega, le disciple de Santo Domingo, se dévoua au service des pèlerins et fut tué par les brigands. Du sanctuaire médiéval il ne reste plus que l'église avec dans la crypte un grand tombeau où le saint reposa autrefois. J'y fais une pause de prière et je continue jusqu'à Atapuerca où je traîne dans un bar après la douche et la lessive. La vue est superbe, aride et rude, avec au loin Burgos toute blanche dans lumière du crépuscule.
Le 04 10 2003 vers midi j'aborde la banlieue industrielle de Burgos : trafic démentiel, urbanisation cancéreuse qui détruit le sentier. Je prends un bus pour arriver en plein centre et ne pas traîner dans cette laideur puante et bruyante. Pas comme de nouveaux compagnons, très cathos, M. et Mme Valissant, qui pensent faire une BA en s'infligeant de traverser les tristes faubourgs. Le bus m'amène près de la cathédrale que je renonce à photographier faute de trouver l'angle de prise de vue qui me convienne : trop de fils électriques, de poteaux et de bennes à ordure s'intercalent dans mon viseur.Soudain sur le trottoir, je tombe sur Anna( Mona) Lisa et Frantz qui vont à la gare pour retourner en Allemagne. Je leur dis adieu en leur souhaitant de continuer heureusement leur histoire. Puis j'achève de traverser Burgos et me trouve enfin sur la Meseta, le terrible plateau castillan avec ses étendues déboisées et ses tertres ravinés. Je fais halte à Rabe de la Calzada, village inconnu, même des guides de pèlerins,et le samedi 5 octobre je m'approche de Castrojeriz dans la lumière du soir. Castrojeriz un des hauts lieus du sentier et mon " coup de coeur"
Il s'agit de deux minorités religieuses établies essentiellement au Liban et en Syrie. Ce qui les caractérise surtout est leur doctrine ésotérique qui n'est pas accessible à la masse des fidèles, celle des Druzes en particulier dont les rituels sont très proches de ceux de la franc maçonnerie.
J'ai finalement trouvé un salon de coiffure à Najera, rien que des dames qui piaillent. Me serais-je trompé ? Qu'importe ! la patronne me dit qu'elle me ferait volontiers une coupe. Va donc pour une coupe en regardant tomber la pluie et en écoutant piailler ces dames....Le soir je fais étape à Azofra pour 3€ au gîte paroissial, le privé est à 12€ la nuit. Un mystère s'impose, depuis que je suis en Espagne jamais je n'ai réussi à trouver une petite cuillère dans la vaisselle des gîtes...mystère des petite cuillères. Gîte complet là encore, certains dorment à même le sol. Le lendemain je passe à Santo Domingo de la Calzada, étape célèbre illustrée par le saint du même nom, grand bâtisseur de routes ou Calzada ( Chaussée) pour les pèlerins au Moyen Age. Toujours les mêmes histoires de saints combattant les Maures et aidant les pèlerins dans leur dangereux périple, à une époque où les bandits de grand chemin guettaient les pèlerins pour les rançonner. Rien à voir avec le pèlerin à carte bleue que je suis. Mon pèlerinage est une joie totale, j'aime de plus en plus cette vie libre du chemin et je me demande comment je vais me réhabituer à ma vie de retraité à Colmar....il faudra que m'occupe beaucoup pour oublier la vie libre du chemin. Vie libre qui commence tôt, à 6 heures, car à 8 heures tous les pèlerins doivent avoir évacué le gîte.