Le 17 octobre 2013 la finance mondiale aurait pu exploser si le plafond de la dette américaine n'avait été relevé. Il l'a été temporairement jusqu'au mois de février 2014 si bien que le système monétaire international reste en sursis. L'endettement des USA et celui du monde est devenu exponentiel et potentiellement dangereux.
Faut-il y voir là le résultat de la transgression des règles religieuses imposées autrefois à l'usage de l'argent ?
Ces règles sont encore en usage en finance islamique tandis qu'un timide retour à une finance chrétienne semble s'amorcer. Les religions peuvent-elles amener la réforme de la finance mondiale pour promouvoir une finance éthique ? Un simple article ne permet pas bien sûr de répondre à la question, mais il permet de la poser correctement en rappelant sur quoi reposent la finance islamique et la finance chrétienne médiévale qui n'en est pas très éloignée, sans oublier la finance religieuse juive.
La Bible condamne la pratique du prêt à intérêt assimilé à l'usure (23-19) du Deutéronome "tu ne prêteras pas à intérêt à ton frère, intérêt d'argent ou intérêt de nourriture, de toute chose qui se prête à intérêt". Très communautariste la hallakha autorise à charger l'intérêt aux non juifs mais l'interdit entre coreligionnaires. C'est ce qui explique qu'au moyen-âge les juifs devinrent banquiers de la chrétienté et cela d'autant plus que la plupart des autres métiers leur était interdits.
En effet l'Eglise catholique romaine, dans le droit fil de l'interdit biblique, continua d'interdire l'intérêt assimilé à l'usure. La réforme protestante leva l'interdit et permit le développement du capitalisme et de l'entreprise dans les pays protestants, bien avant les pays catholiques en retard. Aujourd'hui la crise de la dette de l'Amérique est la conséquence ultime de cette levée de l'interdit.
C'est dans ce contexte que la finance islamique veut apparaitre comme le recours; ce qui n'est que partiellement vrai. Outre en effet que les fonds de pension des pétrodollars des émirs du golfe sont à l'opposé de la finance islamique, celle-ci n'est qu'une version de la finance religieuse monothéiste. C'est d'ailleurs le point de vue d'Ezzedine Ghlamallah, conseiller en finance islamique et président de l'Association des étudiants en finance islamique de l'Université de Strasbourg. Selon lui " Ces principes sont universels et reconnus par les trois monothéismes", à savoir proscription de l'intérêt et du financement d'activités telles que le jeu, l'alcool, la pornographie, le commerce des armes, et partage des pertes et profits entre prêteur et emprunteur.
Il a été entendu puisque vient d'être créé en Suisse le "Stox Europe Christian Index" à la demande croissante d'investisseurs chrétiens pour des placements éthiques. Comme pour la finance islamique, les sociétés souhaitant figurer dans le nouvel indice ne pourront tirer profit du tabac, de la drogue, de la prostitution, de la pornographie, des jeux d'argent et des ventes d'armes. Seule différence avec la finance islamique l'indice admet la production de porc et la vente d'alcool.
Les prêts à intérêt que le christianisme a longtemps interdit continuent d'être autorisés. Tant que ce point fondamental n'aura pas été remis en question la crise financière perdurera et la finance islamique aura un temps d'avance sur l'indispensable retour de la finance chrétienne. A terme les finances religieuses contribueront à la promotion de la finance éthique d'un monde plus évolué mais avant que l'humanité évolue sur cette question bien des crises sont devant nous malheureusement.