La théologie est à la fois utile et inutile selon l'usage que vous en faites. Si vous cherchez la vérité sur vous-même et sur l'univers renoncez-y, car elle n'est qu'un tissu de discours relatifs et contradictoires basée sur une assertion non prouvée qui est l'existence de Dieu. La théologie est une non science, elle est aussi un discours organisé arbitraire comme l'histoire toujours écrite de manière biaisée selon la théologie ( y compris baptisée idéologie ) qui la sous-tend.
Et pourtant sans théologie, c'est à dire sans un dieu qui la sous-tend , ni l'Histoire, ni l'aventure humaine n'ont de sens. Sans théologie l'homme reste un animal, il ne peut progresser pour atteindre un stade supérieur d'évolution qui lui permet d'inventer le clan, puis la tribu, le peuple la nation, l'empire et finalement l'universel humain du monde globalisé. Sans ce mot Dieu et sans théologie, aucun discours rationnel et cohérent de l'histoire des hommes n'est possible.
La pensée ne peut y échapper : au début était le Verbe.
Si vous ne fondez pas votre discours sur cette assertion fondamentale vous serez condamné éternellement au doute contradictoire, et, en conséquence, vous ne pourrez ni donner un sens à votre action, ni organiser un discours collectif mobilisateur.
Le Logos fondateur apparaît avec le premier chamane, le premier intercesseur du discours qui crée l'univers collectif du clan, de la tribu etc. Puis apparaissent les prêtres rois qui maintiennent le lien sacré entre l'en-deçà et l'au-delà. (leurs derniers représentants modernes sont le pape et le Dalai Lama)
Les civilisations s'organisent à partir de ce lien sacré au Logos, puis elles meurent et sont remplacées par d'autres qui croient en d'autres dieux, ce deus ex machina, qui est le ressort secret, sacré et religieux de toutes les civilisations.
Si vous m'avez suivi jusqu'ici je vous renvoie à Arnold Toynbee et son" Histoire des civilisations" qui est en fait une théologie de l'histoire.
Selon lui les civilisations naissent, grandissent et meurent avec les dieux qui les ont fait naître; ce qui nous ramène à notre actualité qui illustre mon propos. Notre civilisation judéo-chrétienne est moribonde, exit donc le christianisme qui la sous-tend.
Sauf que Toynbee, en désaccord avec ses premières conclusions, achève son oeuvre en identifiant le deus ex machina des civilisations au Dieu chrétien.
S'il a raison c'est un formidable espoir pour l'avenir du monde et cela vaut réflexion, nous en reparlerons. Mais pour l'heure nous constatons l'effondrement mondialisé de la civilisation et de la culture judéo-chrétienne occidentale.
On comprend les inquiétudes du pape et l'on aimerait qu'il s'aide de la pensée d'Arnold Toynbee pour apporter la bonne nouvelle d'un christianisme qui peut encore être l'avenir du monde. Dieu est bien de retour en effet.
Y compris, et peut-être d'abord, dans le discours politique. Ce retour est d'abord apparu comme la conséquence de la révolte de l'islam contre la culture occidentale mondialisée, mais désormais apparaît également une réaction chrétienne dans les discours de Trump, de Poutine et des responsables politiques européens de l'est.
Il y a donc crise de la civilisation associée à une crise religieuse comme Toynbee l'avait bien vu.
L'avenir est-il à l'islam avec les djihadistes et Erdogan ? Ou au rétablissement du christianisme selon l'orthodoxe Poutine et le protestant Trump ?
Selon moi l'avenir l'appartient ni à l'islam ni au christianisme ancien, mais au christianisme renouvelé par l'Esprit,le Logos en fonction des déterminismes de la modernité. Dieu est devant nous et non derrière, car il fait éternellement "toutes choses nouvelles" au-delà de nos apocalypses. ( Apocalypse Jean II )
Nous en reparlerons prochainement en évoquant de nouveau Arnold Toynbee mais aussi Teilhard de Chardin ces deux génies qui pensaient juste et qui voyaient plus loin..
Dossier à suivre.