Après nous avoir dit pourquoi il faut croire en Dieu, Mathieu Lavagna veut aussi prouver la vérité du christianisme.
Il établit donc d'abord l'historicité de Jésus et de sa crucifixion, puis il aborde la question de sa divinité et de sa résurrection, c'est à dire la question de la véracité des fondements du christianisme.
Sur le sujet de la divinité de Jésus il pose comme prémisse de son raisonnement que Jésus prétendait être Dieu : page 175, je cite : " Jésus prétendait être Dieu".
Le problème est que Jésus n'a jamais eu cette prétention. Il se voulait le réformateur d'Israël dans la ligne prophétique de David, c'est à dire le Messie. Mais l'envoyé de Dieu n'est pas Dieu il est son prophète dans la tradition juive, il ne faut pas faire dire à Jésus ce qu'il n'a pas dit.
Le fondement du raisonnement est donc faux mais il repose également sur des confusions sémantiques concernant l'expression Fils de Dieu. Jésus était un pédagogue qui usait d'un langage métaphorique et allégorique, il enseignait que l'être humain a une relation filiale avec Dieu dans l'amour. Il enseignait la prière du Notre Père par laquelle tous les fils de Dieu s'adressent au Père. La théologie du Fils unique de Dieu et de la trinité a été inventée plus tard par les gnostiques grecs. Cette théologie a une valeur symbolique réelle mais elle est aussi à l'origine des innombrables querelles christologiques du début du christianisme.
Pour rester rationnel contentons-nous pour l'instant de voir en Jésus un saint et un prophète et ne le soumettons pas à la divinisation païenne courante dans l'Antiquité. Alexandre le Grand était considéré lui aussi comme Fils de Dieu. Les philosophes grecs chrétiens étaient encore en fait marqués par le paganisme.
En outre si Jésus nous est présenté comme Fils de Dieu il l'est aussi le Fils de l'Homme selon l'Evangile. Il faudrait savoir ! Le papier ne refuse jamais l'encre et au plan littéraire on peut tout dire. Vrai Dieu et Vrai Homme par exemple ce qui est totalement contraire au raisonnement logique proposé par Mathieu Lavagna.
Est-ce bien ainsi que l'on va remplir les églises et rendre l'espérance à une humanité désespérée qui ne croit plus en l'Au-delà ?
Plutôt que prétendre justifier des dogmes incompréhensibles par des jeux sémantiques l'auteur ferait mieux de montrer que la foi en Jésus-Christ et en sa mère Marie Mère de Dieu, est l'au-delà de la science.
Mais pour cela il faut d'abord rappeler que l' Au-delà n'est pas l'espace réservé des religions, mais bien une dimension du réel au-delà non seulement du raisonnement, mais aussi au-delà des lois naturelles que nous connaissons. La réalité est tout simplement prodigieuse et le mystère de la Résurrection pourrait bien être le prodige des prodiges. Pour croire rationnellement en Jésus-Christ l'énigme du Saint Suaire l'emporte sur tous les raisonnements.
Ce sera l'objet de la prochaine note dans laquelle je proposerai une raison de croire au caractère unique du christianisme. Cela s'est joué dans un tombeau appartenant à Joseph d'Arimathie.