Guerre froide ou dialogue avec Moscou ? Otan d'abord ou UE d'abord, ? Cold war ou Ost Politik ? Tels sont les choix qui s'imposeront à l'UE lorsque la situation militaire en Ukraine s'enlisera définitivement dans le Donbass. L'Ukraine ne peut en effet repousser la Russie hors du Donbass sans engagement au sol de l'Otan et au risque d'échanges nucléaires, c'est à dire la folie absolue. (Hypothèse heureusement exclue par l'Otan dès le début du conflit).
Reste que sans remodelage des frontières de l'Ukraine il n'y aura pas de paix avec les Russes même si les combats s'arrêtent. Une nouvelle donne stratégique est en train d'apparaître qui place l'UE face à des choix clivants, diplomatiques et militaires, quasi existentiels.
Mais d'autres choix clivants vont bientôt se poser à l'UE, à savoir le rôle de l'euro, la question migratoire, et la nécessité de revisiter l'éthique occidentale.
Ces trois facteurs sont liés mais le plus important est de nature éthique et conditionne les deux autres. J'ai nommé l'éthique libérale libertaire de l'Occident exportée par les Etats-Unis.
Cette éthique sous sa forme extrême du wokisme débilite l'Occident, à commencer par les Etats-Unis. En Europe elle est remise en cause par des pays comme la Hongrie ou la Pologne qui refusent le prétendu " état de droit" à l'américaine , c'est à dire la dictature des juges. Les opinions acceptent de plus en plus mal des pouvoirs judiciaires devenus de simples caisses de résonance de l'ONU ou de la CEDH. Politiquement elles tendent à porter au pouvoir des gouvernements sinon autoritaires, du moins illibéraux.
Cela signifie que l'opposition aux décisions de Bruxelles n'est pas au Parlement Européen mais bien au niveau des gouvernements nationaux. Cette situation constitue une tension destructrice de l'UE.
Au cœur de cette opposition à Bruxelles se trouve la question migratoire. Les tenants de l'idéologie libérale libertaire, au nom des droits de l'homme, acceptent ou encouragent une immigration de masse qui détruit la substance humaine et culturelle des vieilles nations de l'UE. Mais ils se heurtent aux tenants du respect des frontières et des souverainetés nationales. Sur ce point-là aussi Bruxelles est voué à entrer en collision avec un nombre croissant d'états européens.
Enfin et surtout l'euro devra prouver qu'il est un instrument de souveraineté européenne, sinon il sera aisément remplacé par le retour aux monnaies nationales associées au dollar.
Telles sont les interrogations tabous que le choc des nationalismes russe et ukrainien impose à l'UE avant même que ne sonne l'heure des dénouements et des choix douloureux. Entre un authentique nationalisme européen, ou le retour de vieilles nations réalignées plus ou moins bien sur les Etats-Unis il faudra choisir.
Aux dernières nouvelles les nationalistes français n'ont rien compris sur le sujet. Selon eux l'Allemagne veut prendre le contrôle de la France, vieux fantasme. Dans la réalité, l'Allemagne qui est encore plus décadente que la France, vient à peine de comprendre que sa survie et celle de l'Europe sont en jeu !
Réjouissons-nous de cette tardive prise de conscience et espérons que les nationalistes, allemands ou français, comprendront enfin qu'à l'heure des Empires continent, leurs visions de la France ou de l'Allemagne appartiennent au passé.