L'Etat et la Religion ont pour fonction d'assurer la cohésion sociale des groupes humains. Cela est si vrai qu'à l'origine Etat et Religion se confondaient dans la fonction sacrée du Roi. Puis l'Etat et la Religion se sont peu à peu différenciés en Occident où la religion désacralisée n'est plus que folklore. Le problème est que l'Etat ( la République chez nous ) s'est peu à peu désacralisé lui aussi; ce qui conduit à l'anarchie que nous connaissons.
Seules des minorités convaincues croient encore à la Religion et à la République mais en s'opposant. Opposer Dieu à la République, et vice versa, crée un grand trouble dans une société hallucinée qui majoritairement ne croit ni à Dieu, ni à la République, mais à la consommation, et qui désespère face à la montée de la précarité.
En gros on peut dire que c'est de ce vide spirituel et de ce désespoir que naissent les fanatismes mortifères. Ne nous y trompons pas en effet , l'unité nationale de" l'après Charlie" n'est qu'un épiphénomène émotionnel et médiatique qui se dissipe déjà.
Mais en poussant l'analyse plus loin on constate que la situation actuelle est la conséquence de trente ans d'aveuglement républicain sur les conséquences culturelles et sociétales de l'immigration musulmane. L'euphorie des "trente glorieuses" de croissance ininterrompue fit croire à tort que l'homo economicus, l'homme producteur consommateur, allait remplacer l'homo religiosus, l'homme religieux.. En outre sous l'effet de l'hédonisme libertaire ambiant, l'Etat renonça à toute autorité. La citoyenneté est devenue introuvable dans une société dans laquelle les individus ne se connaissent plus que des droits et oublient leurs devoirs. Et c'est ainsi que dans l'Europe déchristianisée l'individualisme hédoniste a ouvert un boulevard à toute forme de religion prosélyte apportant un espoir collectif au nom de Dieu.
Prétendre revenir à la République de grand papa est une impasse. La politique doit au contraire partir du fait religieux pour remettre Dieu au cœur du projet sociétal. Nous en sommes loin, mais plus la crise s'approfondira et plus Dieu fera son retour en politique, pour le meilleur ou pour le pire.
Mais qu'attendent donc les églises pour apporter des réponses à nos jeunes ? Le message de Mahomet semble mieux passer que celui du Christ. Peut-être parce qu'il est simple à comprendre, alors que l'incompréhensible préchi précha de nos curés fait mourir d'ennui. L'islam s'affirme à grand bruit tandis que nos bureaucrates romains se perdent dans leurs querelles byzantines et le verbiage. Dommage, car la vocation de l'Eglise est d'affirmer haut et fort à la face du monde, qu' "Il n'y a de Dieu que Dieu et que tout le reste n'est que littérature ".