Ceci est une réaction à un texte lu lors de la sortie du 12 novembre des marcheurs du groupe Cléophas de Nice. Le texte traite du christianisme vu du dehors et vécu dans l'intériorité. Extraits du livre de Jean Duchesne "Chrétiens, la Grâce d'être libres".
"Il est clair que la foi choisie, vécue, personnalisée n'est pas aisément partageable……..la plupart des gens en sont restés à l'image d'un christianisme supposé immuable…(dont) les rites restent cependant perçus comme...une accumulation de choses aussi invraisemblables qu'un Dieu unique en trois personnes dont l'une se serait faite homme en naissant d'une vierge, a été lamentablement exécuté et serait ressuscité. A quoi s'ajoute que ce Dieu se donne à manger, le culte de sa Mère, des saints et des reliques, l'obligation de confesser ses fautes, alors que le pouvoir prêté au prêtre de les effacer laisse perplexe et que l'on ne se sent pas si coupables de toute façon…………….
L'écart est considérable entre cette image du christianisme vu de l'extérieur et ce que vivent les chrétiens de l'intérieur.." fin de citation.
Avant de réagir à ces extraits je précise que ma réaction n'engage que moi et non les marcheurs du groupe Cléophas de Nice. C'est en mon âme et conscience que je remercie Jean Duchesne d'écrire ce que pensent de nombreux chrétiens. Ceci dit je ne vois pas où va ce catholique romain s'il ne remet pas en cause le dogmatisme et le contrôle mental de l'institution dans laquelle il essaie de vivre sa foi.
Car le problème est là, beaucoup de catholiques délaissent l'institution parce qu'ils sont fidèles à leur christianisme intérieur, au point que certains ont cru pouvoir dire que le christianisme est la religion de la sortie de la religion. Sauf que si le christianisme devient un simple humanisme il n'est plus acceptable en tant que religion. N'en déplaise au pape François la théologie de la libération réduit la spiritualité à la foi matérialiste des marxistes !
Face à cette dérive il y a la religion intérieure compatible à la religion populaire, celle que je pratique en mon for intérieur même si je vais rarement à la messe. Ma foi est celle d'un pèlerin. J'ai fait le pèlerinage à Compostelle et je prie la Vierge noire du Puy, la Vierge des pèlerins. Ma foi est une foi de marcheur fasciné par l'horizon sans cesse changeant, mais un marcheur qui se ressource dans les haltes de prière auprès des oratoires du chemin.
Je suis religieux parce que je suis rationnel, et même agnostique, voici pourquoi.
La raison explique mais ne nous donne pas le sens, elle ne nous apporte que l'incertitude. Etre agnostique c'est être humble, c'est avouer que l'on ne sait rien. Je suis donc agnostique mais je ne veux pas rester dans le doute, immobile dans un agnosticisme stérile. Je veux aller de l'avant, toujours plus loin, ultréïéa !Mais pour aller de l'avant je dois choisir une direction, c'est à dire donner du sens à mon expérience humaine.
J'ai donc choisi le sens plutôt que le non sens . D'autres font le pari inverse du non sens et du néant, ce sont les apôtres du rien, j'ai nommé les athées, ces croyants à l'envers.
Il faut choisir entre le sens et le non sens, le monde cohérent de la Loi divine et le rien de l'athéisme négatif et destructeur. Ma foi est le choix du sens, mais je n'en fais pas une théologie, plutôt une respiration vitale.
La théologie est maya, illusion comme toute pensée fixée sur le papier qui ne refuse jamais l'encre. En religion ( comme en science d'ailleurs ) on peut théoriser à l'infini sans jamais conclure sur une vérité absolue. Dieu commence par ce doute qui met ma liberté à l'épreuve.
Mais je veux mon doute positif, c'est pourquoi je lève les yeux vers les hauteurs et le ciel.
Et là je m'émerveille, la nature et l'infini me parlent de mon Père, un père qui m'aime et fait confiance à ma liberté. C'est ça l'enseignement de Jésus, Celui qui m'a enseigné le Notre Père et la relation filiale que j'entretiens avec la Création.
Jésus a mal fini comme chacun sait , Lui qui simplement aimait la vie et la justice, Lui qui n'a jamais rien écrit, ni prescrit, ni même voulu fonder une église, simplement réformer Israël.
Mon christianisme se fonde sur la promesse de son dernier repas qu'il partage éternellement avec ceux qui se reconnaissent dans l'amour de la Vie. La Cène est le banquet éternel de la Vie. Mais que de théologie inutile sur le sujet !
Jésus aimait le partage et même la fête, ( il ne laissait pas ses amis manquer de vin au banquet). La Cène nous rappelle qu'il tenait table ouverte, elle symbolise la fête de la communication et de l'amour entre les êtres humains. Elle n'a rien de magique , elle fait référence à l'être l'humain dans ce qu'il a de plus basique, à savoir ce pain et ce vin qui sont le support de la Vie et qui se partagent dans l'amitié.
Il n'y a de Dieu que Dieu et tout le reste n'est que littérature. Et puis il y a le repas de la Vie que nous sommes tous appelés à partager.
C'est tout simple : quelques olives et un verre de pastis sont une eucharistie quand les amis se réunissent dans la vérité des cœurs.
"Aime Dieu et ton prochain comme toi même" L'essentiel du christianisme est là , à ne pas confondre avec les constructions théologiques apportées par les siècles et les pouvoirs.
Le problème est que le pape ne peut pas le dire car il lui faut justifier une institution deux fois millénaire qui s'effondre sous la poussière des siècles. Pauvre pape ! Mettez-vous à sa place, il ne peut pas se permettre de dire ce qu'est sa foi intérieure et il lui faut assumer l'image d'un christianisme vu de l'extérieur que personne ne comprend plus.
Je fais le même constat que Jean Duchesne et j'ai tenté d'expliquer ma démarche de foi intérieure, mais alors comment faire pour résoudre le problème du pape, c'est à dire vivre la foi extérieurement, avec les autres ? Comment faire pour faire Eglise ? J'ai un idée mais le temps répondra mieux que moi.