La retraite existe, je la pratique, le paradis terrestre existe aussi, j'y suis.
Et pourtant, au nom de Dieu qui est Vie, je dis non à la retraite et au paradis terrestre.. de peur de mourir vraiment, c'est à dire mourir d'ennui.
A soixante-cinq ans on déclara que désormais je serais un inactif et je fus invité gentiment à aller voir ailleurs; ce que je fis avec joie, lassé d'être un esclave du temps, de l'emploi du temps contraint,et surtout de faire un travail d'enseignant auquel je ne croyais pas.
Education nationale qu'ils disaient ! Je leur disais qu'il n'y avait plus ni éducation, ni nation mais ils ne me croyaient pas. Aujourd'hui ils savent que j'avais raison mais cela ne me concerne plus.
A 65 ans, enfin libre, je pus enfin faire ce que j'avais envie de faire, en cette Alsace que j'aime et pour laquelle je crus même devoir militer. Puis en 2018, à 80 ans, j'estimais qu'il était temps d'être enfin un vrai retraité. Adieu l'Alsace, adieu Colmar et vive Nice !
2018 fut l'année des pots d'adieu et des AG qui me permirent de passer le relais à des plus jeunes et plus qualifiés que moi.
2020 Nice. Me voici au paradis des retraités. De ma terrasse j'ai une vue sur Nice et sa baie. Tous les matins ou presque, je vois le soleil se lever sur la mer et parfois la Corse apparaît, juste avant le lever du soleil, tel un mirage qui sortirait des eaux avant d'y retourner.
Tous les matins je remercie Dieu de mon paradis terrestre, face à la grande bleue, cet infini qui m'attend. Je me prépare à y plonger quand Dieu le voudra, mais pour meubler l'attente, qui pourrait être longue, je me suis remis à être actif en divers domaines physiques et intellectuels.
Retraité au paradis je suis, mais où sont les copains d'avant ? La moitié d'entre eux a disparu et ceux qui restent ne sont guère valides parfois. C'est à eux que je pense en glissant le long de la promenade des Anglais sur mes rollers. A quoi bon avoir du temps si l'on ne peut plus parcourir l'espace ?
Chanceux oui mais lucide, je ne vais tout de même pas passer l'éternité à améliorer mon russe ou à faire du roller sur la promenade des Anglais ! Même 200 ans je ne prends pas, et je dis non à la retraite et au paradis des fils de pub !
Je veux seulement marcher plus loin, toujours plus loin tant que je le peux. Voilà mon paradis..... au-delà, quand je ne pourrai plus avancer, quand je devrai faire la pause.. pour mieux avancer...au-delà !