Napoléon et les religions est le titre de la conférence donnée le samedi 20 octobre au Centre Universitaire Méditerranéen de Nice par David Chanteranne, historien et administrateur de l'Institut Napoléon.
Commentaire :
Une remarque technique d'abord. Le CUM aurait intérêt à améliorer la très mauvaise acoustique de la salle de conférence. La conférence en elle-même apporte peu d'éléments nouveaux pour qui connait la période napoléonienne, mais elle est d'une brûlante actualité s'agissant du rapport de l'Etat aux religions.
Contrairement à nos présidents actuels, trop empêtrés dans le principe de laïcité pour agir efficacement, Bonaparte partait du fait religieux, et non d'un principe abstrait, pour définir le rapport de l'Etat aux religions; ce qu'il pensait lui-même importe peu, l'important pour lui était la paix sociale et l'engagement des Français au service de l'Etat. Ce dernier par le Concordat reconnaissait leur droit à exercer leur religion en échange d'un soutien actif à son action.
Cela est particulièrement illustré par le statut des Juifs. Pour en finir avec l'anti sémitisme alimenté par l'usure des prêteurs juifs, en 1808, par plusieurs décrets, Napoléon abolit la dette des acheteurs de biens nationaux lourdement endettés auprès des prêteurs juifs, et il organise le culte israélite en créant le Consistoire sur le modèle de l'organisation du culte protestant. Il abolit les lois de l'Inquisition et le port du bonnet jaune. Les Juifs deviennent de citoyens comme les autres, ils peuvent pratiquer leur culte sans restriction, sauf pour les conscrits enrôlés sous les drapeaux. ( des raisons pratiques permettant difficilement à l'intendance militaire de respecter les interdits alimentaires )
Le rapport aux musulmans ne se posait pas à l'époque sur le territoire français aussi le Concordat concerna-t-il uniquement les religions présentes en France à l'époque, dont les fortes minorités protestantes du sud de la France et de l'Alsace Lorraine. Curés, pasteurs et rabbins deviennent des fonctionnaires payés par l'Etat. Ce régime est encore celui de l'Alsace et de la Moselle, régions qui l'héritèrent aussi bien de Napoléon que de l'Empire allemand.
En 2018 sur le sujet la nouveauté est la présence d'une forte communauté musulmane en France. En extrapolant il est vraisemblable qu'aujourd'hui l'Empereur en finirait avec la laïcité pour organiser autoritairement le culte musulman de manière concordataire, c'est à dire par la reconnaissance officielle de l'islam assortie d'une exigence de respect absolu de l'Etat et des traditions françaises, y compris architecturales s'agissant des mosquées.
Les musulmans qui aiment la force et l'autorité seraient sans doute les premiers à soutenir une telle politique.
Mais ceci est une histoire qui reste à écrire et qui nous entraine sur des chemins incertains.
Pour conclure sur la religion nous dirons que Napoléon était catholique gallican car il ne s'embarrassait pas de l'avis du pape pour décider de ce qui était bon pour les catholiques français et pour lui-même. Quant à ses convictions intimes il était sans doute agnostique et proche de la Franc maçonnerie.