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Le vieux templier - Page 386

  • Décroissance économique et croissance spirituelle.

    Décroissance_pour_notre_salut.jpgIl ne fait pas bon de parler de décroissance économique à l'heure où celle-ci s'installe peu à peu dans le monde, à commencer par l'Europe. Pourtant, et cela les politiques ne peuvent le dire s'ils veulent être réélus, le monde ne sera plus jamais comme avant. Les trente glorieuses c'est fini, et cela même si les pays émergents sont appelés à soutenir encore assez longtemps une croissance à l'ancienne devenue insoutenable.

     Les anciens pays riches ( pour un certain temps encore) s'installent peu à peu dans la décroissance, cette lente  récession liée à l'épuisement des modèles anciens de développement. Cela est particulièrement le cas des pays du sud de l'Europe entrés tardivement dans la société industrielle.

    Et pourtant cette crise est aussi une raison d'espérer car elle impose non seulement un nouveau modèle de croissance verte, mais surtout une redécouverte des valeurs non marchandes, non productivistes et non mercantiles, en un mot les valeurs spirituelles et l'humanisme qu'elles sous-tendent. Qui aime son prochain comme lui-même est naturellement solidaire. Qui est pauvre en esprit ne vit pas pour la consommation gaspilleuse. Qui est émerveillé par la Création la respecte et invente une planète verte, etc etc.

    Sur le sujet rien de plus juste que la position des religieux qui défendent le repos hebdomadaire. Ce dont il s'agit c'est de redonner à Dieu toute sa place dans la société, car lui seul peut permettre le retour à un société équilibrée, non dominée par les valeurs de l'argent et  du productivisme  mercantile qui entrainent le gaspillage insensé des ressources de la planète. Lorsque les évêques font sonner les cloches le samedi pour rappeler que le repos hebdomadaire doit être respecté, ils font oeuvre de salut public. Peut-être même feraient-ils bien de sonner le tocsin pour rappeler aux contemporains qu'il y a  danger ! Acceptons-nous,  ou non, d'être transformés en robots productifs et consuméristes ?  Ou bien pensons-nous que la vie a un autre sens ? Si nous le pensons nous inventerons une nouvelle économie et nous sortirons de la crise.

  • Un mécréant rend hommage à Benoît XVI.

    090316.jpgSi vous avez suivi mes notes sur mon pèlerinage à Compostelle, vous avez compris que je suis un mécréant pas très catholique. Mais je suis un mécréant qui a la foi au point d'avoir écrit un manuscrit intitulé " Catholicisme et modernité", manuscrit que j'avais envoyé au Vatican à Benoît XVI et qui me valut en retour sa photo que j'ai dans mon bureau. Quant au manuscrit je l'ai détruit considérant :

    1) que l'église catholique n'est pas réformable.

     2) que c'est sans importance car Dieu n'a pas besoin de nos religions, seulement de la foi de ceux qui aiment la Vie.

    Et pourtant je rends hommage à Benoît XVI parce que précisément il avait pris son église au sérieux, contrairement à ce pître que fut Jean-Paul II,  ce cabot qui mit en scène sa propre mort ! Pour Benoît XVI son église n'est pas un théatre, mais la référence des consciences humaines. Et parce qu'il constate que la modernité ne peut adhérer à ce qu'il croit , il préfère renoncer et se consacrer à la prière.  Benoît XVI  est un homme totalement sincère et lucide et c'est en cela qu'il est peut-être, et de manière tragique, le plus grand pape de l'histoire, le pape de la fin, sinon des temps, mais celui d'une certaine institution catholique qui devient aussi folklorique que la royauté britannique.C'est ce sentiment tragique de la fin d'un temps pour son église qui, à mon sens,  explique ce pape et  le rend si respectable et si grand.

  • Compostelle : fin du pèlerinage. Note 30

    350px-Spain_Santiago_de_Compostela_-_Cathedral.jpgLa dernière étape avant Compostelle est le gros bourg de Lavacolla dont il n'y a rien à dire, sinon qu'il était autrefois le lieu où les pèlerins faisaient leurs ablutions pour être propres avant de se présenter à Compostelle. Lavacolla, lave cul disent certains, mais je ne garantis pas l'étymologie. De Lavacolla je ne garde que le souvenir d'une chambre d'hôtel aux fenêtres mal jointives qui suintaient d'humidité.

    Au petit matin j'avale un thé brûlant et deux madeleines et me voilà parti sous les averses pour la dernière et courte étape. J'arrive bientôt à l'aéroport international de St Jacques de Compostelle, puis je gravis le Monte Gozo, ou Mont de la Joie, d'où l'on voit St Jacques de Compostelle. Lorsque j'y parviens, un magnifique arc en ciel se montre au loin au-dessus de la ville. Encore un clin d'oeil du Bon Dieu !

    Le Monte Gozo est encombré de silos à pèlerins construits pour le Pape Jean-Paul II en 1989 à l'occasion des Journées Mondiales de la Jeunesse, un truc très catho cathodique dont vous avez sans doute entendu parler. Une ligne de bus part des catho baraques et vous conduit directement au centre de St Jacques de Compostelle. Ce sera donc en bus que le 23 octobre 2003, j'achève mon périple de trois mois de vagabondage sacré, ou plutôt de sacrées vacances....les meilleures de ma vie.

    Sur l'esplanade devant la cathédrale, l'employé d'un magasin de photos, déguisé en pèlerin du moyen-âge (grande cape, chapeau et bourdon) propose aux touristes d'être photographiés avec lui....comme  le Père Noël devant les grands magasins pendant les fêtes de fin d'année....Je prends mes aises comme un touriste, je flâne, je fais des photos. Dans une ruelle de la ville haute je tombe sur un très catho couple que j'ai souvent croisé sur le chemin depuis la France. Les Valissant ont fait le pèlerinage en couple, souvent en se faisant la gueule comme j'ai pu le constater parfois à l'étape...Ainsi est le mariage, une longue marche pas toujours drôle, mais sanctifiante sans doute selon la sainte doctrine catholique.Sur ce point comme sur d'autres, je ne suis pas trop d'accord avec la morale catholique, je n'en ai pas moins de l'admiration pour les couples pèlerins. Se traîner soi-même est dur parfois, à deux ce doit être pire.

    Les Valissant me rappellent pieusement que la messe des pèlerins est à midi, et je leur promets de les y rejoindre. Après tout pourquoi pas ? Trois mois de marche valent bien une messe. Je me présente ensuite au bureau du pèlerinage pour faire tamponner ma " crédencial" ( le carnet du pèlerin qui consigne toutes les étapes ) Le préposé me regarde avec respect car peu de pèlerins viennent de loin en marchant plusieurs mois. La plupart font les 100 kilomètres de marche obligatoire pour obtenir la reconnaissance de pèlerin. Je reçois donc un diplôme écrit en latin que je regarde encore parfois avec nostalgie. C'est fini et comme je n'oublie jamais les nourritures terrestres, je me mets en quête d'un bon restaurant. Soudain je me rappelle la promesse faite à mes amis d'aller à la messe. Je n'ai pas encore mis les pieds dans la cathédrale, j'y cours et je monte les escaliers du parvis quatre à quatre malgré mon sac. Le douzième coup de midi est en train de sonner et les lourds battants de bronze du majestueux portail se referment devant mon nez. Trop tard ! Il est trop tard pour moi, l'Eglise ne veut pas du mécréant que je suis et je reste à la porte !

    Après la messe je retrouve mes amis cathos qui m'expliquent que sur le côté de la cathédrale il y a une petite porte toujours ouverte. Quel symbole ! Il y a toujours des arrangements avec l'Eglise, j'aurais dû m'en douter , connaissant un peu la morale jésuite....

    C'est fini. Je prends mon billet de retour à la gare et j'accompagne chez elle une vieille veuve appauvrie qui raccole les pèlerins sur l'esplanade de la cathédrale pour leur louer des chambres....glaciales. Ultime nuit, glaciale, à Compostelle et en Espagne. Demain je rentre à la maison et ça c'est une autre histoire, un autre long voyage que je vous raconterai dans une nouvelle série de notes intitulées " En route vers le Champ des Etoiles". Il y sera encore question de Compostelle bien sûr parfois, mais surtout d'autres chemins, intérieurs ceux-là, qui nous mènent tous à notre but qui est de mourir. "En route vers le Champ des Etoiles" sera je l'espère la chronique du bien vieillir pour bien mourir. A + Le Vieux Templier.