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Art et Création - Page 27

  • Actualité de Mircea Eliade.

    51512555-tete-de-pythagore - Copie.jpgCela vaut la peine de prendre de la hauteur pour lire l'histoire en perspective spirituelle et religieuse. Mircea Eliade, le grand spécialiste de l'histoire des religions peut nous y aider. Ci-dessous un extrait de son journal d'octobre 1973.

    Je cite "....la société industrielle, parce qu'elle a rendu caducs les systèmes de valeurs traditionnels (famille patriarcale, religion considérée comme institution "totale" , .etc .)  est entrée dans un processus de désacralisation, désormais irréversible...

    …...les Hébreux ont connu la même situation chaque fois que l'"Histoire" leur accordait pour un temps la paix et la prospérité ! Ils se détournaient alors de Yahvé et rendaient un culte aux divinités de la fécondité, à Baal et à Astarté. Ce n'est que lorsque la terreur de l'Histoire devenait à nouveau insupportable qu'ils revenaient à Yahvé.  De nos jours la société industrielle profite en plein du progrès technique et de ses avantages. Nous assistons, pourrait-on dire au triomphe de divinités semblables à Baal et à Astarté, mais désacralisées " fin de citation. 

    Mircea Eliade écrivait ceci en 1973 le point culminant et final des 30 glorieuses qui virent le triomphe des valeurs matérialistes de l'argent, du sexe et de l'égo roi. Baal et Astarté étaient de retour et s'appelaient alors Sea, Sun, Sex  and money. Mais Mircea Eliade savait que cela ne pouvait durer ainsi. Il poursuit et je cite encore "...Or le progrès technique exige certaines formes d'organisation politique qui rendent inévitable le retour de la terreur dans l'Histoire"

    La suite lui a donné raison. Depuis trente ans la terreur est de retour et débouche sur la guerre en Ukraine La conclusion de Mircea Eliade vaut d'être mentionnée car elle prédit le retour du religieux en réponse à la terreur. Je cite sa conclusion " Pour ce qui me concerne, il ne fait aucun doute que de nouvelles créations religieuses, d'une importance considérable, naîtront de cette terreur même " fin de citation.

    Sur ce dernier point en ce début de 21 è siècle, les "nouvelles créations religieuses" constituent une nébuleuse de sectes et groupes les plus divers.  On voit apparaître une éco spiritualité trans religieuse tandis que s'accélère le déclin des religions institutionnelles comme le catholicisme romain. En religion aussi l'heure est à la fragmentation en groupes rivaux selon qu'ils sont traditionnels ou libéraux.

    Une chose est certaine Dieu n'est pas mort et n'a jamais été autant nécessaire à l'équilibre du monde. Autre certitude : une nouvelle création religieuse devra concilier la liberté de l'homme moderne et un ordre collectif qui s'impose à tous.

    Nous en sommes loin et pour l'heure nous vivons le moment décadent du tout à l'égo dans l'ignorance de la loi divine inscrite pourtant au cœur de la liberté humaine.

     

    "

  • Le patrimoine chrétien en question sur Cnews

    images 2.pngA l'occasion des journées du patrimoine des 17 et 18 septembre l'émission "En quête d'Esprit" de Cnews a été consacrée au devenir du patrimoine chrétien.

    " Comment préserver ce patrimoine tant au niveau matériel que spirituel ?", telle était la question. 

    En réponse il y a  l'action médiatique et culturelle  d'une association comme celle du  Puy du Fou représentée par Nicolas de Villiers sur le plateau. Le problème est qu'il ne s'agit là que de spectacle.

     Au plan   matériel ce patrimoine est bien entretenu par l'Etat partout où il représente une valeur culturelle et artistique.  C'est le cas par exemple dans les Alpes maritimes où la moindre chapelle de village contient parfois de véritables trésors baroques méritant d'être conservés.

    La vraie question est celle de la préservation du patrimoine chrétien dans sa substance spirituelle.

    Un vrai non dit car le  problème non mentionné sur le plateau est celui de la déchristianisation de la France. Une question qui ne fut abordée qu'en incidente à travers  l'intervention de Sonia Mabrouk qui présenta son livre intitulée " Douce France". En fait il s'agit de la douce France d'hier qui disparaît, celle des  églises  vides  vouées à la démolition ou vendues pour des usages profanes.

    Une esquisse de réponse à cette question est celle donnée par l'association  "Les priants des campagnes" dont le président Phillipe  de la Mettrie était présent sur le plateau. Il expliqua comment des laïcs se mobilisent pour sauver des églises matériellement,  mais aussi  en y assurant une présence spirituelle en y rassemblant des personnes venues prier ensemble.

    On ne saurait en effet mieux faire pour préserver l'argenterie de famille qu'en l'utilisant,  mais cela ne saurait suffire si les participants au repas sont de plus en plus vieillissants et de moins en moins nombreux.

    En conclusion qu'il me soit permis de dire ici que pour sauver le patrimoine chrétien  il  faut répondre aux questions posées par Sonia Mabrouk. Dans son livre elle constate que la douce France n'existe plus mais elle  continue de croire en la France en tant qu'entité culturelle et spirituelle. Ce point de vue d'une française musulmane   rejoint celui du vieux gaulois que je suis et qui conduit tout naturellement à la question suivante adressée aux priants des campagnes :

    Pour sauver nos églises vides accepteriez-vous d'y prier avec  des non chrétiens qui ont foi en la France ?

     

  • Les religions et la Religion.

    images2.pngAvoir de la Religion est nécessaire mais il faut se garder des religions  !  Pas facile à faire comprendre mais essayons quand même ! Comme disait Jésus  " Que celui qui a des oreilles pour entendre ...!

    Les religions sont d'abord des sectes qui ont réussi. Elles sont nées de l'inspiration d'une personnalité charismatique à qui le hasard ( ou le mystère de Dieu ) a assigné un rôle historique. Ce fut le cas par exemple  de Bouddha,  de Jésus ou encore de Mahomet.

    Parmi ces grands inspirés, seul Bouddha sut mettre en garde ses disciples au sujet de sa doctrine en leur rappelant la vacuité de toute conceptualisation. Selon le Bouddha la voie qu'il propose est relative à ses concepts et n'est donc qu'une voie spirituelle parmi d'autres puisque tout est maya, illusion universelle. 

    Merci au Bouddha de cette mise en garde qui n'interdit de n'être ni bouddhiste, ni chrétien ni juif, ni musulman voire rien du tout. Le Bouddha propose de ne pas s'attacher aux concepts qui prétendent définir la réalité et il propose de chercher celle-ci à la pointe de l'expérience de la conscience; ce qu'il appelle l'Eveil.  Sur cette expérience  rien ne peut être dit puisqu'il s'agit d'une expérience individuelle non descriptible ni explicable. Là se situe la Religion, c'est à dire ce qui relie à soi-même et au-delà…...mais la Religion n'existe pas collectivement. Collectivement n'existent que les interprétations de l'expérience par ceux qui la vivent. Ainsi commencent les sectes qui deviennent religions, ou non, selon les circonstances historiques. 

    Les religions, surtout les monothéismes  prétendent définir la vérité à travers leurs concepts qui  deviennent même des dogmes intangibles dans le catholicisme. Ce serait une erreur cependant de penser que la Religion n'est pas présente dans les monothéismes L'enseignement de Jésus rejoint celui du Bouddha lorsqu'il déclare, je le cite " Je suis celui qui suis "; c'est à dire lorsqu'il renvoie à l'expérience du Soi au delà de l'égo, à la Religion en chacun de nous.

    Au plan du collectif les religions ne sont donc que  littérature, c'est à dire des récits relatifs à différentes cultures et représentations conceptuelles. C'est bien ce qu'avait compris Mahomet. Il était lassé des querelles byzantines des chrétiens de son temps et  encore plus du ritualisme tatillon des juifs. Il avait vécu lui aussi la Religion, c'est à dire l'expérience intime du mystère au cœur de sa conscience, expérience non descriptible et non communicable qu'il résuma par la formule " Il n'y a de Dieu que Dieu " simple mot  que le Bouddha s'était bien gardé d'utiliser  ( contrairement aux monothéismes qui utilisent ce mot pour désigner ce qui ne peut l'être).

    Mahomet avait donc tout compris lorsqu'il rappela l'essentiel  " Il n'y a de Dieu que Dieu", mais au lieu d'en rester là et d'ajouter " le reste n'est que littérature", il s'auto désigna comme  le dernier prophète de Dieu et il fonda lui aussi  une religion nouvelle faite de littérature empruntée aux sources monothéistes chrétiennes et juives.  

    Pourtant l'islam avec ses soufis,  le judaïsme  avec ses rabbins  mystiques, ou encore le christianisme avec ses saints, restent nourris de Religion; c'est à dire fondés dans l' expérience vitale fondamentale, ineffable et inexprimable du  Bouddha

    C'est ainsi, nous sommes tous  appelés à la Religion à travers  l'Eveil de l'âme. Quant aux religions, ( y compris le bouddhisme ) avec leurs belles histoires, leurs mots et  leurs mythes, elles sont nécessaires à l'hygiène mentale des sociétés humaines en leur fournissant des repères sacrés et éternels.

    Quand ces repères s'effacent les sociétés entrent en décadence. C'est le cas de l'Occident en ce moment. L'Occident a besoin d'une religion pour se renouveler, mais chut ne le dites surtout pas, ce sera le titre de la prochaine note .