Vers Compostelle.Note 23. Reliegos-Astorga.Fatigue et démotivation.

Je me sens mieux mais ce n'est pas la grande forme, j'arrive à Leon où je dors dans un grand gîte tenu par des soeurs invisibles que l'on entend chanter merveilleusement quelque part dans le bâtiment. Je note que beaucoup de pèlerins toussent dans le dortoir. Le vieux quartier de Leon est intéressant mais je suis trop fatigué pour faire le touriste. Je reste dans un bar avec Inge qui fume en silence. Dormir, dormir et marcher telle est la loi, mais je suis démotivé. Au matin encore sombre je partage un taxi avec Inge pour traverser les interminables faubourgs de la ville. Sur le sentier chacun reprend sa route et son rythme. J'arrive le 12 octobre à Hospital de Orbigo par un très vieux et très célèbre pont construit pour les pèlerins au Moyen-âge.Il y flotte encore la légende du chevalier qui le gardait et interdisait le passage à quiconque ne reconnaissait pas que sa dame était la plus belle du monde. Heureuse époque où l'on honorait encore les dames...

A Hospital de Orbigo je passe la nuit dans un "clapier" à pèlerins tenu par l'Ordre de Malte. Dans la nuit une américaine a une crise d'asthme et il faut appeler le médecin. (Je suis revenu à Hospital de Orbigo en 2009 et j'ai pu constater que le gîte a été entièrement rénové et mis aux normes). Heureusement je trouve un gîte plus confortable à Santa Catalina de Somoza. Il y a de l'eau chaude et je peux enfin me doucher et laver mon linge,il était temps car je devenais puant. Je vais mieux et le soleil me fait du bien. A Astorga j'ai même envie de me faire un petit plaisir culinaire en commandant du poulpe cuit dans son encre. En fait j'ai l'impression de manger du caoutchouc dans un brouet de sorcière, je ne parviens pas à manger et je continue sans visiter la ville qui pourtant en vaut la peine. Je me hâte de retrouver la solitude et j'entame avec joie la lente montée qui me conduit à Santa Catalina de Somoza et au-delà vers Foncebadon et la célèbre Cruz de Hierro,la Croix de Fer où les pèlerins déposent la pierre de leurs péchés.

Discrimination religieuse en Algérie.

En Algérie aussi les autorités doivent faire face au retour du religieux et pas seulement islamique mais également chrétien.

Le  gouvernement algérien était représenté lors de la réouverture de la basilique catholique de Notre Dame d'Afrique en décembre dernier. Le catholicisme algérien n'a guère de quoi inquiéter en effet tant il est symbolique et humble, voire repentant. Il n'en est pas de même des chrétiens évangéliques. Ces derniers, très prosélytes et très prisés par les populations rurales abandonnées de Kabylie sont victimes de mesures discriminatoires, voire de procès et d'emprisonnement.

Curieusement de même que chez nous de jeunes européesns se convertissent à l'islam radical comme substitue d'idéologie révolutionnaire, de même en Algérie, en particulier en Kabylie, on constate que des jeunes passent au christianisme évangélique comme moyen de marquer leur attachement aux valeurs de démocratie et de tolérance.

Pas facile de gérer les phénomènes religieux en ce temps de crise. Pour le gouvernement algérien la discriminatation envers les chrétiens est aussi une façon de donner des gages aux islamistes, comme partout dans le monde arabo musulman où les chrétiens souffrent en silence

Spiritualité et bien-être.

Les religions sont des spiritualités identitaires et collectives, des cadres de développement personnel qui conviennent, ou non, à chacun. La spiritualité peut aussi se développer librement en dehors de tout cadre religieux, elle est alors une relation directe de chacun avec sa propre vie et une idée de son devenir au-delà de l'achèvement biologique.

Ainsi, en dehors des cadres religieux définis, se développent de nombreuses spiritualités plus ou moint authentiques, mêlant gourous de pacotille et  vrais étudiants de la voie spirituelle intérieure. Il existe aussi une constante dans cette effervescence parfois nommé New Age, à savoir que la recherche du bien-être hédoniste y prend une place importante.

"Que tous les êtres soient heureux" ! dit la devise bouddhiste. La quête spirituelle en effet n'est rien d'autre que la recherche du bonheur et de la sérénité dès ici bas.

Les religions établies l'ont compris elles aussi, c'est pourquoi elles offrent de plus en plus de stages, retraites et séminaires divers réunissant des contemporains épuisés par la vie moderne et en quête d'un supplément d'âme. Dieu n'est certainement pas mort, encore faut-il le chercher là où il est, c'est à dire en notre for intérieur, là où il ne veut que notre bonheur, ici et maintenant.