L'Alpha et l'Omega.

Le récent voyage du chef de l'église romaine en Irak n'a été possible qu'avec la bénédiction des autorités chiites et la mobilisation de  toutes les communautés chrétiennes, y compris les  non catholiques. Toutes ces églises ont uni leurs misères pour accueillir le représentant  emblématique du christianisme. Puisse-t-il en tirer la leçon d'humilité qui s'impose !

Pour réaliser son voyage en effet le pape n'a pas exigé la reconnaissance du symbole de Nicée par les "hérétiques " locaux  et, de fait,  il a reconnu la vanité des querelles christologiques .Sans les autres églises, à commencer par celles d'Orient, l'église catholique n'est plus qu'une coquille vide lorsqu'elle prétend être l'Eglise. Mais dans notre monde globalisé la communauté chrétienne a besoin d'être visible, voilà pourquoi le pape est dans son rôle symbolique à représenter l'Eglise en tant que  communauté chrétienne mondiale.

Mais cela implique qu'il accepte d'être  la "reine d'Angleterre" du Commonwealth chrétien; ce qui est loin d'être le cas car il  prétend encore amalgamer l'Eglise au catholicisme ; ce qui ne fonctionne plus. En 2021 le pape ne peut plus cacher  que sa fonction est née de l'instrumentalisation par le pouvoir impérial romain d'une histoire juive réinterprétée par la pensée grecque.

Mais alors qu'est-ce que l'Eglise ? Elle est la pensée de Dieu dans l'Histoire et relève de l'Eternel depuis qu'il s'est révélé  à Abraham. Dans l'Eternité, l'Eglise est la mesure du temps intemporel  de l'alpha à l'oméga. Elle est aussi l'éclair de Lumière dans nos ténèbres.

Simple avatar du temps métaphysique, elle s'est incarnée pour un temps relatif dans le christianisme. Ce dernier apparut à l'aube de l'Orient et s'achève aujourd'hui dans le crépuscule de Rome et de l'Occident.

Mais l'Eglise ne meurt jamais, elle  renaît toujours, renouvelée par les voies mystérieuses de l'Eternel. Ce que nous rappelle l'évangile de Saint Jean.

 Apocalypse  Jean II " Et je ferai toutes choses nouvelles "

 

 

Et les Juifs, très Saint Père ?

Lors de son voyage en Irak le pape a rencontré diverses minorités religieuses méconnues : yazidis, mandéens, sabéens qui nous renvoient aux origines du christianisme comme de l'islam. 

Pour des raisons politiques  les Juifs n'étaient pas représentés dans la grande réunion œcuménique, c'est spirituellement absurde car ils sont  à l'origine du monothéisme.

Les faits sont têtus et rien ne bougera au Moyen-Orient si Israël n'est pas reconnu en conscience et vérité,  à commencer par notre pape pro palestinien.

 

 

Ni guerre sainte ni pacifisme.

A Mossoul le pape a justement rappelé qu'il n'y a pas de guerres saintes et qu'il n'est pas permis de faire la guerre au nom de Dieu, et il a appelé les chrétiens à pardonner leurs agresseurs islamiques.

Le pape était dans son rôle en rappelant la doctrine chrétienne qui, si elle était appliquée, permettrait une paix durable  à la source  d'un développement humain et spirituel inouïe de notre petite planète. Mais la paix est impossible si elle n'est pas garantie par la force au service du Droit.

Et de fait la doctrine évangélique n'est pas l'acceptation passive de  la violence. Sans les moines soldats templiers les pèlerins chrétiens en Palestine  étaient voués au massacre ou à la rançon. Tout récemment en Irak les miliciens arabes chrétiens  furent aux avants postes dans la lutte contre l'Etat Islamique, il est bon de rendre hommage à ces héros.

A Mossoul le pape a rappelé la spécificité chrétienne du Dieu d'amour avec beaucoup de si..Si Dieu est ceci  ou cela ....n'a-t-il cessé de répéter.  Rien  ne peut être dit de Dieu,  et peut-être eut-il été plus sage en terre d'Islam  de constater, face  à la réalité du Mal, que seul le pardon ramène la vie et  permet de progresser vers  Dieu, ce Mystère absolu sur qui ou quoi rien ne peut être dit.

Le discours du pape fut un discours pacifiste et franciscain,  bienvenu dans une région défigurée par la violence et la haine. Mais  sur le terrain les chrétiens ne peuvent se réfugier dans le pacifisme. Il leur faut faire les choix réalistes qui s'imposent, à savoir que l'islam chiite est actuellement leur allié naturel et que c'est avec lui qu'ils reconstruiront l'Irak et le Moyen-Orient.