Lors de l'inauguration de la Grande Mosquée de Strasbourg les officiels, civils et religieux, n'ont pas tari d'éloge sur les lumières de l'islam. A mon avis avec raison mais aussi, a contrario, parceque l'islam contemporain projette une ombre immense et menaçante sur la modernité que nos responsables préfèreraient ne pas voir. Alors ils donnent dans les grands mots et parlent de la "mosquée républicaine"
Peut-on parler d'une" mosquée républicaine" ? C'est une insulte faite aux croyants au même titre d'ailleurs que de parler d'une église républicaine. Dieu est au-dessus de la République ou de n'importe quel régime d'ailleurs. Dieu est Lumière,la seule lumière de référence de nos lois et de nos consciences. Dieu est Dieu nom de Dieu ! et l'Homme avec un grand H n'est qu'un prétentieux qui se croit l'égal de Dieu.
C'est cela que l'islam impose à la conscience humaine depuis le 11 septembre 2001,lorsque des croyants ont fait voler en éclats l'édifice prétentieux du World Trade Center. A travers leur folie meurtrière les kamikazes d'Allah ont rappelé à l'humanité que seul Dieu est Dieu et que l'économie, fût-elle mondialisée, n'est pas Dieu.Mais face à cette folie faut-il dire Dieu merci aux fous de Dieu ?
Je dis non bien sûr car Dieu,intelligence suprême et raison suprême, n'est pas responsable de la folie humaine, y compris et surtout lorsqu'elle s'exprime au nom de la religion. Or c'est là tout le problème de la relation à l'islam contemporain. En effet celui-ci, contrairement aux grandes églises chrétiennes qui ne croient plus à leur message,l'islam est encore en phase "d'évangélisation" si l'on peut ainsi désigner sa volonté prosélyte. Et il a derrière lui tout l'argent du pétrole.Mais il n'est pas le seul. En Afrique et dans nos banlieues son expansion n'a d'égale que celle de églises évangéliques. Enfin accordons une mention spéciale au développement fulgurant du spiritisme au Brésil où il intègre l'animisme afro brésilien.
L'islam ne doit donc pas faire peur car il participe simplement au renouvellement du paysage religieux contemporain, au même titre que le renouveau évangélique et les mouvements New Age. Dieu a été déclaré mort trop tôt et il ne s'est jamais aussi bien porté. L'islam contribue à ce renouveau spirituel en imposant aux sociétés développées, agnostiques ou athées, le retour de Dieu dans la société civile. La multiplication des mosquées ( mais aussi celle des lieux de cultes chrétiens hors églises établies )oblige à remettre Dieu au coeur de la problématique sociétale. Répondre à ce fait par le rappel de la laïcité n'est qu'un début de réponse, car être laïc aujourd'hui ce n'est pas prétendre ignorer Dieu, c'est au contraire lui aménager une place en répondant à la demande des croyants de toutes origines, dans le respect des différences, y compris et surtout peut-être, de celle des athées ou des agnostiques.
Dieu est Dieu nom de Dieu ! A l'heure où s'effondrent les "cathédrales" bancaires, commerciales ou industrielles, érigées en l'honneur de l'idole du Dieu Tout Economie, les croyants du Dieu de Lumière sont appelés à préparer le monde de demain en rejetant l'idolatrie de l'argent et des fausses valeurs. L'islam peut jouer un grand rôle pour redonner au monde un projet spirituel, mais à condition qu'il ne soit pas celui du fanatisme et du retour au Moyen-âge.
Nous sommes mi-octobre et il ne me reste plus guère qu'une dizaine de jours de marche avant d'atteindre le but.L'automne se fait sentir et les jours racourcissent. Je descends vers la cuvette de Ponferrada. La ville tient son nom du célèbre pont de fer construit pour les pèlerins. La légende reste mais la ville est défigurée par l'industrie. A part le château des Templiers elle ne m'intéresse pas et je la traverse rapidement. Après les derniers faubourgs je marche dans des vignes qui donnent l'excellent vin du Bierzo. Je respire un air doux et plein d'effluves de moût de raisin. J'atteins Cacabelos dans la douceur automnale et j'y fais étape.Le gîte circulaire est composé de mini chambres donnant sur une cour. J'y dors mal à cause de deux allemandes qui racontent leur vie à haute voix dans le box voisin. Le jour suivant au matin, j'atteins puis je traverse Villafranca del Bierzo et je m'enfonce dans les montagnes en remontant la vallée de la prison (Valcarcel), ainsi nommée en souvenir d'un seigneur brigand qui rançonnait les pèlerins.
Les observateurs non religieux des faits religieux n'y voient que des facteurs géopolitiques. Au contraire les croyants inscrivent ces facteurs dans une vision eschatologique de l'histoire humaine, du moins pour ce qui est des monothéismes.