Que faire des religions du livre à l'heure de la désacralisation des livres sacrés par Internet et la diffusion des connaissances religieuses ? Diffusion qui démystifie la Parole mythique des origines. L'histoire s'arrête dans l'instantanéité. Fin de la religion ?
Fin de la religion prise au sérieux par des esprits simples sans doute, mais non fin des cultures religieuses.
A noter que les religions d'Asie n'ont pas ce problème des livres sacrés fondateurs. Les récits mythiques de l'hindouisme et du bouddhisme n'instituent pas de temps historique, ils ne connaissent que l'éternité de cycles se répétant sans cesse. Au contraire les trois monothéismes sont ancrés dans un temps historique messianique débouchant sur une apocalypse qui réalise l'attente messianique. Voyons ceci dans l'ordre d'apparition des trois monothéismes.
Le mythe juif de la réalisation d'Israël par l'arrivée finale du Messie. Dans le christianisme ce mythe devient celui du retour du Christ. Revisitée par Mahomet l'histoire s'achève par l'instauration du Califat. Celui-ci instaure enfin la loi de Dieu sur terre par la victoire des musulmans qui imposent la Charia.
L'actualité illustre la folle dangerosité de ce mythe à travers les fantasmes de l'Etat Islamique, mais il faut noter aussi que le messianisme conduit également les chrétiens et les juifs dans l'impasse. Dans les sociétés modernes on constate que les croyants monothéistes se distancient du mythe messianique fondateur, seules des minorités se radicalisent dans l'attente de la fin des temps.
Il en résulte que ces croyants messianiques se coupent du présent pour ne rêver que du monde à venir, ils désertent la réalité et peuvent s'enfermer dans une radicalisation suicidaire comme c'est le cas dans l'islam.
Les notes suivantes seront consacrées à un bilan des trois monothéismes dans leur rapport au messianisme et par des propositions concernant une culture religieuse alternative ancrée dans l'identité et le rite. Nous étudierons d'abord le rêve dangereux du Grand Israël, puis la dérisoire prétention catholique à l'universel, et enfin la folie meurtrière du Califat.