Je me sens mieux mais ce n'est pas la grande forme, j'arrive à Leon où je dors dans un grand gîte tenu par des soeurs invisibles que l'on entend chanter merveilleusement quelque part dans le bâtiment. Je note que beaucoup de pèlerins toussent dans le dortoir. Le vieux quartier de Leon est intéressant mais je suis trop fatigué pour faire le touriste. Je reste dans un bar avec Inge qui fume en silence. Dormir, dormir et marcher telle est la loi, mais je suis démotivé. Au matin encore sombre je partage un taxi avec Inge pour traverser les interminables faubourgs de la ville. Sur le sentier chacun reprend sa route et son rythme. J'arrive le 12 octobre à Hospital de Orbigo par un très vieux et très célèbre pont construit pour les pèlerins au Moyen-âge.Il y flotte encore la légende du chevalier qui le gardait et interdisait le passage à quiconque ne reconnaissait pas que sa dame était la plus belle du monde. Heureuse époque où l'on honorait encore les dames...
A Hospital de Orbigo je passe la nuit dans un "clapier" à pèlerins tenu par l'Ordre de Malte. Dans la nuit une américaine a une crise d'asthme et il faut appeler le médecin. (Je suis revenu à Hospital de Orbigo en 2009 et j'ai pu constater que le gîte a été entièrement rénové et mis aux normes). Heureusement je trouve un gîte plus confortable à Santa Catalina de Somoza. Il y a de l'eau chaude et je peux enfin me doucher et laver mon linge,il était temps car je devenais puant. Je vais mieux et le soleil me fait du bien. A Astorga j'ai même envie de me faire un petit plaisir culinaire en commandant du poulpe cuit dans son encre. En fait j'ai l'impression de manger du caoutchouc dans un brouet de sorcière, je ne parviens pas à manger et je continue sans visiter la ville qui pourtant en vaut la peine. Je me hâte de retrouver la solitude et j'entame avec joie la lente montée qui me conduit à Santa Catalina de Somoza et au-delà vers Foncebadon et la célèbre Cruz de Hierro,la Croix de Fer où les pèlerins déposent la pierre de leurs péchés.